Emeute à Grenoble après la mort d’un jeune – juillet 2010

Violences de Grenoble : « Une réponse naïve »

Sud-ouest

20 07 2010

Après les violences de ces derniers jours, le sociologue Didier Lapeyronnie estime que ces situations sont une des conséquences du virage tout sécuritaire.

« Sud Ouest ». On doit être surpris de ces nuits d’émeute qui viennent de secouer des quartiers français ?

Didier Lapeyronnie. Pas vraiment. C’est malheureusement un processus assez classique, déjà vu maintes fois. Il débute par une intervention policière, qu’elle soit légitime ou non, suivie d’émeutes. Ensuite, il y a en général l’intervention des politiques, les promesses faites pour que tout cela cesse. Et lorsque la pression de l’actualité retombe, tout recommence comme avant.

Ce qui est tout de même surprenant, c’est qu’une intervention policière normale, après un braquage, n’est pas acceptée par la population ?

L’action de la police a totalement perdu de sa légitimité. Là encore, c’est assez classique. Même si je n’y étais pas, on peut imaginer que la mort de ce jeune a d’abord suscité de l’émotion, mais aussi probablement des rumeurs qui vont très vite, selon lesquelles la police l’a exécuté. Que cela soit vrai ou faux n’est plus le problème. La parole publique n’est de toute façon plus crédible, et celle des représentants de l’État, notamment la police, l’est encore moins.

Pour quelle raison la police ne peut se faire accepter, alors qu’elle est là pour sécuriser les quartiers ?

L’accumulation des tensions avec la police depuis quelques années fait qu’elle a perdu de sa crédibilité. Pour les gens des quartiers défavorisés, le discours des institutions est devenu mortifère. Cette situation s’est aggravée ces dernières années. On voit monter le niveau de violence. Il y a toujours eu des émeutes. Mais cela atteint un degré très élevé avec des échanges de tirs, des armes à feu que l’on sort facilement.

La violence augmente alors que l’État avait fait de la sécurité une de ses priorités ?

Il me paraît justement évident que ces situations de plus en plus violentes sont la conséquence très directe d’un virage tout sécuritaire. Lorsqu’on a une politique qui consiste à n’avoir rien d’autre qu’une intervention extérieure pour rétablir l’ordre., on laisse simplement aux habitants de ces quartiers un sentiment d’agression, un peu comme des populations colonisées. C’est un ressentiment qui s’accumule progressivement avec les difficultés. Si vous supprimez la police de proximité, que vous coupez dans les politiques sociales, que les agences d’intérim ferment et que le chômage augmente, le sentiment d’abandon devient très fort. La seule chose qui reste, visible, est l’intervention extérieure de la police. D’autant que le plan Amara n’a jamais rien apporté aux banlieues. Cette réponse ultrasécuritaire est finalement trop naïve et inefficace.

Contrairement à ce que vous dites, la violence n’est-elle pas le fait de quelques caïds, face à une population qui ne dit rien mais la subit et la désapprouve ?

Depuis qu’il y a des émeutes, elles sont presque toujours le fait de gens plus jeunes, mais pas seulement des caïds. Cela ne veut pas dire grand-chose d’ailleurs, surtout dans ces quartiers. Je suis à peu près certain que la population est plutôt derrière les policiers, que les gens sont majoritairement persuadés qu’il s’agit d’une bavure policière. Il existe une logique collective, de groupe. Le caïd c’est aussi le frère de, le copain de, le fils de, dans un univers où tout le monde se connaît. Une grande partie de la population est tacitement plus ou moins complice. C’est le processus de ghettoïsation progressive qui est à l’œuvre. Ces quartiers se referment sur eux-mêmes, et il y existe une forme de solidarité autour d’un destin commun.

Vous êtes aujourd’hui sociologue à Paris après avoir longtemps travaillé à Bordeaux. Vous avez notamment réalisé une étude de terrain très longue dans un quartier défavorisé d’une ville du Sud-Ouest. Votre impression est plutôt celui d’une aggravation de la situation ?

Certainement. Dans l’enquête que j’ai menée, ce sentiment d’abandon était très marqué, de même que l’aggravation des situations de pauvreté. C’est quand même le premier et principal problème de ces quartiers. Lorsque vous arrivez au 20 du mois, vous rencontrez des gens qui n’ont plus que 10 euros devant eux, des femmes qui n’ont plus assez d’argent pour prendre les transports en commun. Je ne dis pas que les gens y crèvent de faim. Mais les inégalités se sont accentuées entre ces plus pauvres et les autres.

Grenoble : un véhicule de police cible de tirs ce dimanche soir

leparisien.fr

18.07.2010

Pour la troisième nuit consécutive, les forces de l’ordre ont été la cible de tirs à balles réelles dans le quartier de La Villeneuve à Grenoble (Isère). Un véhicule de la Brigade anticriminalité (BAC) a été visé peu avant 22h30 dimanche par deux coups de feu, qui n’ont pas fait de blessé.

Ces violences urbaines ont commencé vendredi à la suite de la mort d’un délinquant de 27 ans originaire du quartier, Karim Boudouda, tué lors d’une fusillade avec la police à la suite du braquage d’un casino en Isère.

Trois personnes toujours en garde à vue

Depuis vendredi soir, vingt personnes ont été interpellées. Quatre hommes ont été arrêtés dimanche à Grenoble dans le cadre d’une enquête pour tentative d’homicide sur des policiers de la BAC, pris pour cible dans la nuit de vendredi à samedi. Ce coup de filet à La Villeneuve a été mené aux alentours de 6 heures par un escadron de gendarmerie, deux compagnies de CRS et la Force d’intervention de la police nationale regroupant le RAID et le GIPN. Deux de ces personnes étaient toujours en garde à vue dimanche soir, ainsi qu’une troisième, recherchée pour des faits criminels non liés aux émeutes.

Onze autres personnes ont été arrêtées samedi soir, et cinq vendredi soir. Trois jeunes seront, eux, jugés en comparution immédiate lundi pour avoir tenté de piller un commerce dans la nuit de vendredi à samedi, au cours de laquelle une soixantaine de voitures a été brûlée et quelques commerces incendiés. Un mineur a également été mis en examen pour incendie de véhicule.

15 voitures brûlées contre une soixantaine la veille

La nuit de samedi à dimanche a été jugée  beaucoup plus calme que la précédente par la police, avec 15 voitures incendiées contre une soixantaine la veille. Samedi, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a exprimé sa volonté de «rétablir l’ordre public» à La Villeneuve, quadrillée par un fort dispositif composé de plus de 300 CRS ainsi que d’hommes du GIPN (groupement d’intervention de la police nationale) et du RAID.

Plainte de la mère du braqueur tué

Après avoir lancé un appel au calme, la mère du braqueur tué, Saliya Boudouda, a annoncé qu’elle allait porter plainte contre les forces de l’ordre. «Ils ont déconné les flics, ils ont déconné. Je vais voir le procureur et je vais porter plainte. Ca va aller très loin», a-t-elle déclaré dans un entretien téléphonique avec l’AFP.

Si sa plainte est validée par le parquet de Grenoble, elle sera alors incluse dans l’enquête dont l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie. D’ores et déjà, il a été établi que les policiers avaient tué Karim Boudouda, 27 ans, en état de légitime défense, ce dernier ayant ouvert le feu sur eux à l’issue d’une course-poursuite après avoir braqué un casino en Isère, selon une source judiciaire.

Nuit mouvementée à Grenoble

TF1 News

18 juillet 2010

Malgré l’appel au calme lancé par la mère du braqueur tué vendredi par la police, et malgré la fermeté affichée par Brice Hortefeux, une quinzaine de voitures ont été incendiées dans la nuit de samedi à dimanche à Grenoble.

Depuis la nuit de violence qu’a connue le quartier de la Villeneuve, à Grenoble, les effectifs de police ont été sérieusement renforcés. Samedi soir, le quartier était quadrillé par un fort dispositif des forces de l’ordre composé de plus de 300 CRS ainsi que d’hommes du GIPN (groupement d’intervention de la police nationale) et du RAID. Et peu avant minuit, la police avait commencé à fouiller et à interdire l’accès aux véhicules dans une rue où s’étaient produits, dans la nuit de vendredi à samedi, les incidents les plus graves. Si cet impressionnant déploiement de force a empêché une reprise des violences, la nuit de samedi à dimanche n’a pas été précisément tranquille.

En tout, quinze voitures ont été incendiées dans le quartier de la Villeneuve – contre une soixantaine la nuit précédente. Les pompiers ont également signalé quelques feux de poubelles. La police a indiqué pour sa part que « plusieurs équipes » des forces de l’ordre « ont été visées par des projectiles » ; mais « personne n’a été blessé« . Sept personnes ont été interpellées, pour « port d’arme » ou détention d’objet pouvant servir de projectile. La police n’en a pas moins évoqué une nuit « beaucoup plus calme« , par rapport à la flambée de violences qu’avait connue le quartier 24 heures plus tôt.

« Frapper au portefeuille les délinquants« 

Samedi, Brice Hortefeux, venu à la Villeneuve après les violences de la nuit précédente, a exprimé sa volonté de « rétablir l’ordre public » à la Villeneuve. Le ministre de l’Intérieur, qui a fait une visite de quelques minutes dans ce quartier populaire, a annoncé avoir demandé à son homologue du Budget François Baroin d’envoyer « dès la semaine prochaine à Grenoble un inspecteur du fisc afin de frapper au portefeuille les délinquants« , en faisant « reculer l’économie souterraine qui alimente le trafic des stupéfiants et celui des armes« . Il a prôné « un renforcement ciblé de la présence policière à Grenoble« , sans plus de précisions. Le premier syndicat des gardiens de la paix, Unité police/SGP-FO, a demandé que Grenoble soit classé « zone difficile« , réclamant des renforts pour permettre aux policiers grenoblois de « faire leur travail avec sérénité« .

De son côté la mère du voleur tué, Karim Boudouda, a lancé un « appel au calme« , dans un article paru dimanche dans le journal local Le Dauphiné libéré. Ce malfaiteur multirécidiviste âgé de 27 ans et issu du quartier avait été pris en chasse par la police après avoir participé au braquage d’un casino proche de Grenoble ; et c’est en plein coeur du quartier de la Villeneuve que la course-poursuite, émaillée d’une violente fusillade, s’était achevée, par la mort du braqueur qui venait de blesser un policier. L’autopsie réalisée samedi a révélé qu’il avait été touché par deux balles, une au pied et l’autre « mortelle » à la tête, selon une source judiciaire.

« Vous avez tué un des nôtres. On va vous tuer aussi »

TF1 News

17 juillet 2010

Alors que le quartier de la Villeneuve, à Grenoble, a vécu une nuit de heurts violents, les casseurs crient leur haine des policiers. Syndicats de police et élus locaux réclament des moyens supplémentaires alors que le « seuil de rupture » est atteint.

« C’est Beyrouth. Je te jure, c’est Beyrouth ! » s’exclame un habitant du quartier de la Villeneuve en voyant passer des voitures de police toutes sirènes hurlantes. Au-dessus des immeubles, dans le ciel nocturne, passe un hélicoptère de la gendarmerie, équipé de projecteurs et d’une lumière infrarouge pour filmer les attroupements. Des CRS tentent d’encercler des petits groupes de jeunes, insaisissables, qui courent et cassent tout ce qui se trouve sur leur chemin. Une quinzaine d’entre eux, certains le visage masqué par un T-shirt blanc, détruisent deux abribus avec des battes de base-ball. « Les jeunes m’ont dit : vous avez tué un des nôtres. De toutes les manières, vous êtes une sale race, on va vous tuer aussi« , assure de son côté un policier déployé à la Villeneuve, confirmant la haine de la police exprimée par de nombreux jeunes du quartier. « Tout ce qui est européen, on va tirer dessus« , dit-il avoir également entendu.

Des groupes de jeunes armés de battes de base-ball et de barres de fer, voire d’armes à feu, ont affronté les forces de l’ordre pendant une partie de la nuit dans un quartier sensible de Grenoble. A l’origine de ces heurts : la mort d’un jeune poursuivi après un braquage.

Après avoir dérobé entre 20 000 et 40 000 euros au casino d’Uriage-les-Bains près de Grenoble, deux malfaiteurs ont été poursuivis par une patrouille de police et de gendarmerie. Après un échange de tirs, un voleur est mort et l’autre a pris la fuite.

Des riverains de tous âges, personnes âgées comme enfants, descendent dans la rue pour regarder les scènes de violence, et expriment eux aussi leur colère. Au passage des CRS, une femme âgée leur crie : « Rentrez chez vous !« . « Les flics, quand on en a besoin, ils sont jamais là, zéro. Et quand on en a pas besoin, ils viennent. C’est à cause d’eux tout ça« , accuse une jeune femme en djellaba bleue, descendue dans la rue à une heure avancée de la nuit alors que les forces de l’ordre tirent des flash-balls en l’air pour disperser les groupes. « Toutes les mamans, elles sont venues et elles ont vu le corps par terre. Qu’est-ce que ça veut dire tout ça. Les enfants sont choqués. Les flics sont des chiens« , ajoute une trentenaire portant le voile intégral, descendue vérifier que sa voiture ne brûlait pas. Un groupe de sexagénaires se lamente : « les jeunes déconnent. Ils n’ont plus rien dans la tête. Il ne faut pas qu’il y ait un autre mort, ça sert à rien tout ça« , lance l’un d’entre eux.

« Ils l’ont laissé crever par terre »

La police affirme avoir agi en état de légitime défense lors de la mort de Karim Boudada, poursuivi jusque dans le quartier de la Villeneuve après le braquage du casino d’Uriage-les-Bains. Selon les forces de l’ordre, les malfaiteurs ont ouvert le feu avec des fusils d’assaut, blessant un policier à la tête. Les policiers assurent qu’ils ont alors riposté, tuant l’un des deux braqueurs, pendant que l’autre parvenait à prendre la fuite à pied.

Mais dans le quartier de la Villeneuve, la thèse ne passe pas, malgré l’annonce d’une autopsie samedi, qui doit préciser les circonstances de la mort de cet « enfant du quartier« , et le lancement d’une enquête par l’Inspection générale de la police nationale. « Le quartier a très mal vécu la mort du jeune. Ils l’ont laissé crever par terre, ils ont laissé son corps sur le bitume au lieu de le transporter« , affirme un habitant, répétant à l’envi la thèse qui circule dans ce quartier populaire de la Villeneuve. « Le sang venait de la tête. Il avait pas de cagoule. C’est sûrement les flics qui l’ont enlevée« , assure pour sa part un jeune se disant témoin des échanges de tirs avec les policiers. Lui aussi accuse les services de secours de n’avoir pas tenté de le réanimer.

Des effectifs de police en baisse

Face à la recrudescence de violences dans la région depuis plusieurs mois, le secrétaire départemental du syndicat SGP-FO, Daniel Chomette réclame des « effectifs supplémentaires » pour sécuriser l’agglomération grenobloise, touchée par une récente vague de violences, assurant que la police a « atteint un seuil de rupture« . Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat Unité SGP-Police, souligne que les effectifs de la sécurité publique de Grenoble ont subi une « baisse de 20% » depuis 2008. Dans le même temps, dit-il, une vingtaine d’homicides ont été commis ces dernières années dans des affrontements entre bandes rivales grenobloises et les attaques à main armée se sont multipliées dans la région. Nicolas Comte demande « expressément des renforts de policiers nationaux » dans la circonscription de Grenoble. Le syndicat Alliance s’inquiète pour sa part de voir qu’une nouvelle fois « des criminels lourdement armés n’ont pas hésité à tirer à plusieurs reprises sur des policiers pour couvrir leur fuite« . Il rappelle le meurtre d’une policière municipale à Villiers-sur-Marne, près de Paris, le 20 mai dernier.

Quant au député-maire PS de la ville, Michel Destot, il a de nouveau réclamé la tenue d’un « Grenelle de la Sécurité urbaine qui réunisse, aux côtés des ministres compétents, les principaux élus et les préfets afin qu’une stratégie commune soit élaborée, notamment en terme d’affectation de moyens« .

Nuit d’émeutes à Grenoble

France Info

17 07 2010

Après la mort d’un des braqueurs du casino d’Uriage tué par la police, de violents incidents ont éclaté la nuit dernière dans le quartier de la Villeneuve, d’où il était originaire. Une personne a été interpellée.

C’était le scénario redouté par la police. Des CRS avaient été mobilisés en nombre. Mais la situation a dégénérée hier soir dans ce quartier populaire de Grenoble ; certains habitants ne voulant pas croire à la thèse de la légitime défense avancée par la police pour expliquer la mort de Karim Boudouda, l’un des braqueurs du casino d’Uriage-les-bains (lire notre article). Le malfaiteur de 27 ans, déjà condamné trois fois aux assises pour vol à main armée, s’était en effet réfugié dans son quartier d’origine après une course poursuite avec la police. C’est là qu’il a reçu une balle dans la tête. Il est mort dans la nuit de jeudi à vendredi.

Hier soir, une prière au mort a été récitée par un imam dans un parc du quartier de la Villeneuve. Une cinquantaine de manifestants y ont assisté en silence, et c’est ensuite que l’embrasement a eu lieu.

Police et casseurs se sont affrontés pendant une bonne partie de la nuit, comme le raconte Brigitte Julien, la patronne de la police en Isère.  (0’56 »)

De violents affrontements les ont opposés aux forces de l’ordre. Les casseurs ont aussi saccagé les lieux. Ils ont d’abord attaqué un tramway, ont brûlé plusieurs dizaines de voitures. Un garage, un centre de contrôle technique et une salle de musculation ont également été incendié. Une personne a été interpellée. Le quartier a retrouvé son calme vers 4 heures du matin.

Cécile Bourneuf revient sur ces scènes de guérilla urbaine (0’53 »)

Les policiers recherchent toujours le complice de Karim Boudouda. « Un partie », voire « la totalité du butin », entre 20 et 40.000 euros, a été retrouvé dans un sac à l’arrière du véhicule des malfaiteurs.

Recrudescence de la violence

Il s’agissait du troisième braquage de casinos de groupes français dans la région Rhône-Alpes et en Suisse voisine depuis quelques mois.

Face à une recrudescence de violences dans la région depuis plusieurs mois, le secrétaire départemental du syndicat SGP-FO, Daniel Chomette a réclamé des « effectifs supplémentaires«  pour sécuriser l’agglomération grenobloise, touchée par une récente vague de violences, assurant que la police avait « atteint un seuil de rupture ».

Enfin le député-maire PS de la ville, Michel Destot, a de nouveau réclamé la tenue d’un « Grenelle de la Sécurité urbaine qui réunisse, aux côtés des ministres compétents, les principaux élus et les préfets afin qu’une stratégie commune soit élaborée, notamment en terme d’affectation de moyens ».

French town hit by riots after man killed by police

Agence France-Presse

Grenoble, July 17, 2010

The southeastern French town of Grenoble was hit by riots on early Saturday with shots fired and cars set alight after a man accused of robbing a casino was killed by police. Police spokeswoman Brigitte Jullien said, shots had been fired at police who returned fire four times. A youth was arrested at the scene of the riots, the working class district of La Villeneuve.

Thirty cars and several businesses were torched, while angry youths armed with baseball bats and iron bars attacked a tram and forced the passengers to get out.

The incidents started after a Muslim service for 27-year-old Karim Boudouda, who died 24 hours earlier in a shootout with police after the Uriage-les-Bains casino near Grenoble was held up.

Scènes de guérilla urbaine à Grenoble

TF1 News

17 juillet 2010

Des groupes de jeunes armés de battes de base-ball et de barres de fer, voire d’armes à feu, ont affronté les forces de l’ordre pendant une partie de la nuit dans un quartier sensible de Grenoble. A l’origine de ces heurts : la mort d’un jeune poursuivi après un braquage.

Les premiers incidents à Grenoble ont commencé vendredi vers 23h30. Il y a eu tout d’abord l’attaque d’un tramway par des jeunes du quartier sensible de la Villeneuve. « Ils ont mis des feux de broussailles devant et derrière. Ça a fait stopper le tramway dans lequel sont rentrés une trentaine d’individus cagoulés et armés de battes de base-ball et de barres de fer« , raconte Brigitte Jullien, directrice départementale de la sécurité publique de l’Isère. « Ils ont fait descendre les gens qui ont eu très très peur. La police est intervenue rapidement et a pu faire repartir le tramway« . Mais ce n’était qu’un début : « Après, ça a continué sur des incendies de véhicules, sur des arrivées de policiers et de pompiers pris à partie« . Des heures de violences et de jeu du chat et de la souris entre des jeunes incendiant des véhicules ou des commerces pour attirer la police dans des guet-apens, et des forces de l’ordre mobilisées toute la nuit face à un adversaire insaisissable.

Alors que le quartier de la Villeneuve, à Grenoble, a vécu une nuit de heurts violents, les casseurs crient leur haine des policiers. Syndicats de police et élus locaux réclament des moyens supplémentaires alors que le « seuil de rupture » est atteint.

Une tentative de braquage du casino d’Uriage-les-Bains s’est achevée en course-poursuite avec la police, et une fusillade a éclaté à Grenoble. Bilan : un braqueur tué, un policier blessé.

Après avoir dérobé entre 20 000 et 40 000 euros au casino d’Uriage-les-Bains près de Grenoble, deux malfaiteurs ont été poursuivis par une patrouille de police et de gendarmerie. Après un échange de tirs, un voleur est mort et l’autre a pris la fuite.

Bilan de cette nuit mouvementée : au moins une trentaine de voitures brûlées, ainsi que des commerces… et une seule arrestation. Des coups de feu ont été échangés, sans faire de blessé : Brigitte Jullien évoque des « tirs au pistolet automatique sur des policiers, qui ont riposté à quatre reprises« . C’était vers 2h30 du matin : un homme qui était en train de manifester au sein d’un groupe d’une quarantaine de personnes a sorti une arme de poing et a tiré en direction des forces de l’ordre. Les policiers ont alors fait usage de leurs armes afin de disperser la foule et « d’assurer leur sécurité« .

Un quartier sous surveillance

A l’origine de cette éruption de violence : la mort d’un jeune originaire du quartier, poursuivi par la police après avoir participé au braquage du casino d’Uriage-les-Bains, près de Grenoble. Agé de 27 ans, Karim Boudouda avait déjà été condamné trois fois aux assises pour vol à main armée. Au cours de la nuit de jeudi à vendredi, avec un complice, il s’était fait remettre le contenu de la caisse sous la menace d’armes lourdes, avant d’être pris en chasse par des policiers. La course-poursuite, émaillée de coups de feu, s’était achevée tragiquement en plein quartier de la Villeneuve.

« Les malfaiteurs ont arrêté leur véhicule… Ils ont ouvert le feu à au moins trois reprises vers les policiers« , avait déclaré dans l’après-midi le procureur de la République de Grenoble, Jean Philippe. « Les policiers de la BAC ont alors riposté« , touchant Karim Boudada à la tête, avait-il précisé, évoquant la « légitime défense« , une version contestée par les jeunes de la Villeneuve, qui crient vengeance et haine de la police. Sur place, les policiers ont retrouvé « une partie« , voire « la totalité du butin« , entre 20.000 et 40.000 euros, dans un sac à l’arrière du véhicule des malfaiteurs. Il s’agissait du troisième braquage de casinos de groupes français dans la région Rhône-Alpes et en Suisse voisine depuis quelques mois.

C’est après une prière au mort récitée dans la soirée par un imam, écoutée en silence par une cinquantaine de jeunes rassemblés dans un parc, que la situation a dégénéré. De petits groupes de casseurs ont alors commencé à s’en prendre, à coups de battes, à des abribus, puis à un tramway, et les premiers gaz lacrymogènes ont été tirés – prélude d’une nuit de violences. Samedi matin, le quartier de la Villeneuve était encore sous surveillance par crainte de nouveaux incidents.

~ par Alain Bertho sur 17 juillet 2010.

9 Réponses to “Emeute à Grenoble après la mort d’un jeune – juillet 2010”

  1. Bonjour, j’habite Grenoble et c’est bien dramatique…il paraitrait que toutes les municipalités de gauche de France ont vu leurs moyens en tout genre baissés…Vrai? Faux?
    Jocelyne ARTIGUE

  2. le climat social se dégrade, une chose me dérange seulement, les propos racistes que vous rapportez, car si je suis militant antifasciste radical, je dénoNce le racisme d ou qu il vienne! pour le reste une population stigmatisée et parquée dans des »cages a lapins » se rebelle, quoi de plus normal? PAS DE JUSTICE PAS DE PAIX, ce slogan, que j ai tatoué sur l avant bras, est plus que jamais d actualité!!!

  3. Enfin, je dit « une peine de mort réservée à une partie de la population »….mais en fait c’est juste un génocide lent au travers des années.

    Le problème de la France c’est qu’elle n’a jamais été dénazifiée après la seconde guerre mondiale (Papon minitre jusqu’en 81, pas vrai?) alors que l’Allemagne l’a été.

  4. @antifa du 26 :
    Il faut voir la source TF1 News qui cite un policier …. avait il minute dans la poche ?

  5. Bonjour, il ne faut pas s’étonner mais surtout pas, le problème des banlieues n’est pas nouveau. Malheureusement, ce n’est qu’un début. Q’un délinquant commette un délit et soit punit, je trouve cela normal. Mais depuis un certain temps, on mélange la burka, les barbus, l’islam, les casquettes à l’envers, l’identité nationale, etc. A tous, si vous voulez la guerre contre les arabes… Eh bien continuez et bon courage! comme dit SARKO

  6. il faut regarder les choses en face ; en vacances j’ai lu un article du Los Angles Times qui évoquait le racisme français envers les musulmans. Entre les taux de chômage record qui caractérise ces banlieues et le vote de la loi anti-burqa, il ne faut pas s’étonner de la montée des tensions. Pour autant cela ne doit pas non plus masquer le fait qu’il n’y a plus de république dans ces quartiers qui prennent la défense de délinquants avérés sous prétexte de communautarisme.

  7. Vous êtes pour beaucoup bien naïf. Pour quoi ces a nous de leurs trouvé un travail? De les insérés? Ils veulent être mieux logés? qi’ils travaillent. Mon père est issue de l’immigration et lui a reçue aucune aide et lui n’a pas foutus le bordel pour autant!! Ils arrivent chez nous on les loges (des gens comme vous vont hurler pour qu’il soit logés sans rien payer et sans rien faire, forcement on les habitue a avoir tout sans rien faire). Juste cette bande de déchêt c’est mit dans la tête qu’il ne s’intégreront pas tant qu’on ne leurs proposeras pas a l’ANPE un travail de milliardaire. La Burqua n’est même pas une question a se poser. Il faut l’interdire! Nous sommes une république laîque! Comment reconnaitre un homme une personne sous une Burqua? Et oui même un homme recherché est méconnaisable sous la Burqua. Beaucoup sur se site parlent mais je suis sur qu’il habite des villes bien paisibles, monter en région Parisienne votre discours changera radicalement, quoi que même les Provinces sont touchés aussi.
    Face à sa une solution… être plus violent qu’eux une police beaucoup plus répressive, droit d’utiliser son arme…Les pays sécuritaires sont des pays ou la police est sévère et ne fait aucun cadeau.

  8. @Français et fière : Vous vous contentez de suivre le chemin de violence indiqué par le pouvoir et sa police. Que la police ne fasse aucun cadeau, et les habitants des ghettos chercheront des armes encore plus meurtrières, c’est tout. « Qui règne par le sabre périra par le sabre. »
    Vous devez vivre bien éloigné des cités dont on parle ici, pour ne pas être témoin des efforts des migrants (pour ne parler que d’eux) pour trouver du travail (alors qu’il y en a bien trop peu POUR EUX) et pour avoir une vie normale. Mais comment avoir « une vie normale » dans un quartier soumis à la violence quotidienne de la police ?, et éloigné de fait de tous les soutiens auxquels ils ont droit, comme tous et toutes les « Français et fièr-e », comme vous ???

  9. @Laizé : s’il vous plaît, ne nous parlez pas de « communautarisme », mais plutôt des communautés qui sont créées par les conditions de vie communes et les lieux communs de vie, auxquels sont soumises ces populations. Que leur reste-t-il, sinon la révolte ?
    La république a disparu des ces quartiers parce que les institutions républicaines ont FAILLI à leurs missions (violence de la police qui a suscité plus de violence encore en réponse, enseignement public complètement déphasé par rapport à la réalité de la vie des habitants, éloignement et insuffisance des institutions d’aide, etc…). Comment la république pourrait-elle être un recours, dans ces conditions ?

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