Bus caillassé à Agen – avril 2010

Les autobus ne desservent plus le coeur de Montanou

sudouest.fr

28 avril 2010

Pendant ce temps-là, le bus attend les gens du quartier à l’arrêt Blum.

Ce n’était pas non plus, hier en fin de matinée, l’effervescence à l’arrêt Blum, situé à près de 400 mètres du cœur de Montanou. À l’intérieur du véhicule non plus, même si le chauffeur qui présente 32 ans de conduite ne comprend pas pourquoi des jeunes « s’en prennent à sa société, et pourquoi les bus ne peuvent pas passer n’importe où sans risquer de se faire caillasser ».

S’il est totalement solidaire du mouvement des chauffeurs qui ont décidé de ne plus desservir Montanou, c’est, explique-t-il, non pas pour une raison purement syndicale, mais parce qu’il entend ainsi aussi « défendre le service public ». Il parle « d’agressivité, d’une mauvaise éducation », d’usagers pénalisés du fait d’un très petit nombre et avoue qu’« aujourd’hui, il ne choisirait pas la même profession ».

« Les problèmes pas réglés »

Sur le banc de l’abribus, plus vindicatives sont deux riveraines qui défendent une politique de répression en assénant : « Nous, à leur âge, nous n’avions pas 80 % de ce qu’ils ont maintenant. »

Quatre cents mètres plus loin, au pied des tours, les rares jeunes gens sont méfiants et ne « parlent pas aux journalistes ». L’un d’entre eux pourtant préfère élever le débat en plaidant pour de véritables rencontres entre « ceux qui critiquent sans rien savoir et les membres d’associations » du quartier : « Si chacun parle de son côté avec ses préjugés, il est sûr que l’image du quartier ne va pas évoluer. » Il ajoute : « Ce qui est dommage, c’est qu’on en soit encore à parler de racisme en 2010, la preuve que les problèmes ne sont pas réglés. »

Montanou privée de bus « jusqu’à nouvel ordre »

sudouest.fr

27 avril 2010

Suite au caillassage d’un bus, samedi après-midi, les chauffeurs font l’impasse sur la cité.

Hier, à 18 h 41, ligne A, arrêt de bus Blum, après le canal. A l’arrière, une jeune femme ne s’est pas levée. « On ne passe pas par Montanou, c’est terminus », s’excuse le chauffeur. En réaction au présumé caillassage d’un bus, trois arrêts plus loin, samedi après-midi, les chauffeurs ont décidé de ne plus desservir la cité « jusqu’à nouvel ordre ». La dernière passagère obtempère : « Alors, je descendrai le prendre là. »

Samedi, le bus approchait l’arrêt de Monluc lorsqu’il a été pris pour cible. Deux vitres ont sauté. Une dizaine de personnes se trouvaient à bord. Aucune n’a été blessée. Si l’enquête n’a déterminé ni l’auteur de la dégradation, ni le projectile, les chauffeurs ont choisi dès hier de faire l’impasse sur les quatre arrêts de Montanou et de filer tout droit à Lalande. Et encore, prévient José De Jesus, délégué CFDT du syndicat national des transports urbains, « normalement, c’est le retrait sur l’ensemble de la ligne qu’on est en droit d’exercer. »

« Alarme sociale »

Début avril, deux bus avaient subi un caillassage, l’un à Barleté, l’autre au terminus de la ligne B, à Bon-Encontre. Déjà, après l’incident de Barleté, « on n’était pas passé pendant huit jours ». Signe d’un certain ras-le-bol, dès la semaine prochaine, au retour des vacances scolaires, le syndicaliste entend tirer « l’alarme sociale », prélude à une éventuelle grève que les transports agenais n’ont plus connue depuis 2001 : « Qu’on puisse travailler tranquille. S’il n’y a rien qui vient des élus, on fait grève. »

Lui-même originaire de Montanou, José De Jesus se désole le premier de la mise à l’index d’une cité entière : « On est un service public, ça fait mal au cœur. On a un des chauffeurs qui habite dans la cité… C’est la minorité qui fait ça, c’est de la bêtise humaine. »

Des caméras dans les bus

Si l’incident de samedi a provoqué la tenue d’une réunion, hier matin à la Communauté d’agglomération d’Agen (CAA), les commentaires se faisaient discrets à la sortie : « On sera extrêmement vigilant mais c’est un sujet sur lequel on ne va pas communiquer », réagit ainsi Denis Soliveres, directeur de la CAA. Elle a beau laisser les chauffeurs perplexes, l’idée d’équiper les bus « d’appareils de géolocalisation » pour faciliter l’intervention des secours serait bien avancée. Un dispositif qui viendrait compléter la vidéo-surveillance : il y a un mois, la CAA a voté l’équipement des bus en caméras pour faire face à la « recrudescence des actes d’incivilités », tant « l’augmentation significative des altercations avec le personnel », était-il précisé, que « le développement de pratiques sauvages d’actionnement des systèmes de sécurité ». D’ici 2012, chacun des 14 bus du réseau sera doté de trois caméras moyennant un investissement total de 95 000 euros. Les premiers véhicules devraient être équipés d’ici l’été. Commentaire d’un contrôleur : « C’est très bien mais ça ne règle pas les problèmes de l’extérieur. »

~ par Alain Bertho sur 30 avril 2010.

Laisser un commentaire