Affrontements à Jos au Nigeria juillet 2009

ALeqM5i1gsTfvISESE9cf-W8O1pYI3pnkQ

Nigeria: au moins 600 morts en 5 jours d’affrontements

De Aminu Abubakar (AFP) – 29 juillet 2009

MAIDUGURI, Nigeria — Au moins 600 personnes ont été tuées au Nigeria en cinq jours d’affrontements de l’armée et d’extrémistes islamistes, dont le numéro deux a été abattu au moment où il s’enfuyait de Maiduguri (nord-est), fief de ces « talibans » locaux.

L’armée nigériane a capturé le dirigeant de la secte islamiste radicale « Taliban », Mohamed Yusuf, à Maiduguri, dans le nord-est du pays, a indiqué jeudi une source militaire.

« Le dirigeant des talibans a été capturé par l’armée qui a mené un raid contre la maison dans laquelle il se cachait », a indiqué à des journalistes la source qui a requis l’anonymat.

Mohamed Yusuf a été emené dans une caserne militaire de Maiduguri, berceau des fondamentalistes, avant d’être transféré à Abuja, la capitale fédérale, a précisé la source.

Selon un journaliste et un photographe de l’AFP à Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno, les combats avaient cessé jeudi en milieu de matinée, avec un bilan très lourd pour ces islamistes d’au moins 300 morts en moins de 24 heures rien que dans cette ville.

« Le numéro deux des talibans, Abubakar Shekau, a été tué tôt ce matin avec 200 partisans par l’armée nigériane qui les poursuivait dans le secteur de Newmarke (périphérie de Maiduguri) alors qu’ils tentaient de s’enfuir », a indiqué à l’AFP un policier.

Le chef de ces « talibans », dont l’armée avait pilonné la maison au mortier mardi, aurait échappé à l’offensive. « Nous ne savons toujours pas où se trouve Mohamed Yusuf. Il a réussi à s’enfuir de son enclave durant les raids militaires de la nuit. Les troupes sont toujours à sa recherche », a indiqué à l’AFP un policier sous couvert d’anonymat.

L’armée, qui avait reçu des renforts, n’a visiblement pas fait de quartier à Maiduguru.

« Toute la nuit nous avons entendu des tirs dans les quartiers de Shokai et de Dekwa Lowcost », a déclaré à l’AFP un témoin.

Après cette attaque, l’armée a bombardé jeudi matin d’autres quartiers de la ville écraser les dernières résistances.

En fin de matinée, la ville était redevenue silencieuse et quelques habitants s’aventuraient dans les rues. Le couvre-feu en vigueur de 19H00 a 06H00 a été repoussé de deux heures, à 21h00.

« Les forces de sécurité contrôlent la situation après la chute des talibans », a affirmé à l’AFP le porte-parole du gouvernement local de Borno, Usman Chiroma.

En prévision de l’opération finale contre les insurgés, un millier d’hommes étaient arrivés de Calabar (sud) et les militaires avaient reçu des véhicules blindés et des mitrailleuses lourdes.

Un journaliste local a affirmé avoir vu et compté jeudi matin les dépouilles de 90 islamistes tués dans la nuit. Les corps étaient éparpillés autour de la mosquée et d’une base des talibans ainsi que dans une maison.

Un confrère de l’AFP a aussi vu mardi et mercredi une vingtaine de dépouilles de « talibans » entreposées dans la cour du commissariat central.

Le bilan des combats depuis dimanche, qui ont touché quatre Etats du nord, s’élevait mercredi déjà à 300 morts, selon des chiffres transmis par la police.

On ignorait le bilan des pertes du côté des forces gouvernementales.

A l’hôpital de Maiduguri, on indiquait jeudi à l’AFP qu’il y avait « une quantité innombrable de cadavres ». « Certains sont toujours dans les rues et autour du quartier général de la police », a-t-on ajouté.

Les affrontements avec les membres de la secte « talibans » -appelée en langue Haoussa Boko Haram (l »éducation occidentale est un pêché »)-, avaient commencé dimanche quand ceux-ci ont tenté d’attaquer un poste de police dans l’Etat de Bauchi (nord).

Les violences se sont ensuite étendues aux Etats de Yobe, Kano et Borno.

Le président Umaru Yar’adua, originaire du nord, avait décrété lundi l' »alerte totale » et fait dépêcher des renforts.

Selon lui, « ces gens sont organisés, se sont infiltrés dans la société, ont préparé des armes, appris à fabriquer des explosifs, pour déclarer le jihad » (guerre sainte).

Des Nigériens et des Tchadiens, originaires de régions limitrophes du Nigeria, auraient combattu aux côtés des insurgés islamistes nigérians, selon une source policière à Maiduguri et une radio privée du Niger.

ALeqM5gUINNdbMaIlJ5y1AwKuXturld_-wALeqM5i_uHGFwzHJnOkiN9zeudKx3RP5Jw

Plus de 600 personnes tuées lors des violences sectaires au Nigéria

www.apanews.net

29 juillet 2009

APA – Lagos (Nigeria) Environ 600 personnes ont été tuées depuis vendredi, à la suite des émeutes sectaires survenues dans l’Etat de Bauchi, dans le nord du Nigeria, selon plusieurs médias nigérians.

Ces émeutes causées par des islamistes radicaux communément appelés « Boko Haram »,se sont ensuite propagées dans les Etats voisins d’Adamawa, de Kano, de Borno et de Yobe, où plus de 300 personnes ont été tuées en début de semaine.

Des milliers de membres de la secte dirigée par Mohammed Yusuf avaient pris d’assaut la ville de Maiduguri, chef lieu de l’Etat de Borno, détruisant des églises et attaquant des innocents, et se sont confrontés aux forces de l’ordre, ces affrontements ayant entraîné la mort de 102 personnes, dont deux pasteurs.

Dans l’Etat de Kano également, un groupe de militants islamistes présumés appartenant à la secte avait attaqué la station de police de Wudil, blessant un officier de police et deux policiers.

Par ces actes, les membres de la secte assimilés par la police nationale comme des talibans, entendent protester contre le refus des autorités d’une manifestation religieuse préparée de longue date.

« C’est une organisation fanatique, antigouvernementale et anti-peuple. Nous ne savons pas encore quel est leur objectif mais nous sommes déterminés à identifier et à arrêter leurs leaders », a déclaré à la presse l’inspecteur général de la police, Ogbonnaya Onovo
La secte veut instaurer un Etat islamique à Maiduguri. Elle s’était manifesté en 2003 par des manifestations sanglantes avant de récidiver à la fin de l’année 2004.

Dans une allocution radio télévisée, mardi soir, le président Umaru Yar’Adua du Nigéria a appelé au calme, affirmant que « cette situation est en train d’être maîtrisée ».

« Je pense que l’opération que nous venons de lancer permettra de les maîtriser une fois pour toutes », assuré le président nigérian.

L’armée a déployé mardi soir dans l’Etat de Bauchi des blindés dans un quartier résidentiel considéré comme le bastion de la secte.

Peuplé par 140 millions d’habitants, dont la moitié environ sont chrétiens et vivent principalement dans le Sud du pays et l’autre musulmans, localisés dans le Nord, le Nigéria a autorisé en 199 l’instauration de la charia dans 12 Etats du Nord.

Religious Riots Spread to Kano, Yobe, Borno

•Yar’Adua orders joint security action

www.thisdayonline.com

By Our Reporters, 07.28.2009

The bloody clash between the police and members of an Islamic fundamentalist group known as Boko Haram (“education is sin”), which left many dead in the early hours of Sunday in Bauchi, has spread to other states in the North.
President Umaru Musa Yar’Adua, who was in Ilorin, Kwara State, yesterday to inaugurate the multi-billion naira Ganmo power sub-station completed by the Governor Bukola Saraki administration, has directed all the national security outfits to combine forces to immediately contain further spread of the religious crisis.
The President’s directive according to a statement by his Special Adviser, Media and Publicity, Mr. Olusegun Adeniyi, followed a situation briefing by the heads of the security agencies on the violent attacks in parts of Bauchi, Borno, Kano and Yobe States.
The militant group opposed to western education, which has been campaigning for the imposition of Sharia’h (Islamic law) on the 36 states of the federation, allegedly sparked off the crisis when its members launched an attack on a police station in Bauchi, leading to the bloodbath.
Over 150 people were left dead, while indigenes of the area are said to be fleeing their homes.
By yesterday, the attack by the group had spread to Borno, Yobe, Gombe and Kano States.
Adeniyi said: “President Yar’Adua directed that no effort should be spared in identifying, arresting and prosecuting leaders and members of the extremist sects involved in the attacks.
“The President further directed that security be beefed up in all neighbouring states and security personnel placed on full alert to ensure that the attacks by misguided elements do not spread elsewhere.”
He noted that “President Yar’Adua deeply regrets the unnecessary loss of lives occasioned by the wanton and unprovoked attacks on the police and other innocent Nigerians in the affected states.”
But early yesterday, it emerged like a war situation in Maiduguri, Borno State as members of the sect led by one Mohammed Yusuf, who had earlier threatened to attack security installations and government establishments in the state, made good their threat.
They attacked the state police headquarters and some police stations along with some churches and mosques.
Over 100 adherents of the sect and few military personnel and police officers were said to have been killed in the clash.
It was gathered that the assault started around noon on Sunday when the fundamentalists in military camouflage stormed the police headquarters and other structures within the area in Maiduguri with petrol bomb, bows, arrows and other weapons with the aim of levelling the entire place.
The fundamentalists also gained access into the Police Mobile College, Maiduguri, beside the Police headquarters, after killing the Sergeant on guard.
They immediately moved into the quarters, burning down nine houses and slaughtering some policemen in the process before they were forced out of the area by riot policemen who shot sporadically at them.
They also attacked other parts of the town during which two police stations, Lamisula and Gamboru, were razed even as some churches and mosques were burnt with scores of civilian casualties recorded.
The new prison within Maiduguri metropolis was attacked where the fundamentalists freed inmates and killed some prison officers even as the spill-over of the attack is said to have reached Gamboru Ngala, about 70 kilometres from the state capital and other parts of the state.
Though the police casualties and those of the military could not be ascertained as at press time when THISDAY visited the police headquarters, but 52 corpses of the fundamentalists were on display.
It was gathered that five police officers on training at the Mobile Police College were killed at the college’s dormitory, while the Second-in-Command of the riot police in the state, simply called Superintendent Farouk, was also killed in the fundamentalists’ attack.
It was learnt that a journalist with the Daily Trust, Ahmed Salkida, was abducted for some hours by the fundamentalists for allegedly leaking information to the police authorities before he was later released after a series of appeals.
It was also discovered that all mobile networks except that of Starcomms were down for the major part of yesterday.
This was said to be for the strategic reason of preventing the militants from communicating with each other which could aid their mobilisation.
The main entry and exit points into the town have also been cordoned off and the few people moving about the town are being thoroughly searched by the police.
Governor Ali Modu Sheriff of the state, who was not in any mood to speak with the press on the development, was seen at the state police headquarters in company with his deputy, Alhaji Yuguda Dibal, and Secretary to the State Government (SSG), Ambassador Baba Ahmad Jida, at about 3.30 pm trying to put their heads together on the next line of action.
In the meantime, the governor has placed an indefinite dusk-to-dawn curfew on the state capital, Maiduguri, and neighbouring Jere as a result of the attack.
A press statement by the governor’s Director of Press, Alhaji Usman Ciroma, said the curfew, from 7 pm to 6 am, would be in place until the situation improves.
In Damaturu, Yobe State capital, the fundamentalists also attacked some police stations in the early hours of Monday which made the government to slam a curfew on the state.
The state government said the curfew would be from 10 pm to 6 am in order to curtail the crisis from escalating and to halt the spill-over to other neighbouring states.
THISDAY learnt the decision was taken yesterday after a security meeting at the Government House, Damaturu.
In Kano State, the fundamentalists attacked Wudil Police Station and injured the Divisional Police Officer, CSP Sagir Idris, and one riot policeman in a gun duel.
However, the police in Kano killed three of the fundamentalists and arrested 33 others, which include some Chadians who can neither speak English nor Hausa, as they only speak Arabic.
During their surveillance on the main entrance to Kano from Bauchi and Maiduguri, the police also arrested over 100 people in two trucks, loaded with people alleged to be members of the Islamic group.
Addressing reporters at the Police Command, the state Police Commissioner Ibrahim Mamman Chafe said the suspected fundamentalists, who unleashed terror on the divisional police station and ran away with two AK 47 guns belonging to the police, left after exchanging fire with the police.
The commissioner, who spoke through the Public Relations Officer of the command, SP Baba Mohammed, explained that the operation team led by the Deputy Commissioner of Police Lawal Tanko successfully arrested 33 members of the group, while the town of Wudil is now calm and peaceful.
According to him, the divisional police officer of Wudil, CSP Sagir Idris, who sustained injuries in the clash, had been admitted at the Dala Orthopaedic Hospital for treatment, while a riot policeman was also admitted at Nassarawa Hospital for treatment.
Speaking with THISDAY after being paraded at the police headquarters, one of the arrested fundamentalists, who gave his name as Mallam Abdulmuminu Ibrahim Muhammad, said he had no regret for being a member of the group.
“It is Jihad; Western education is a bad practice,” he said.
The Kaduna State Police Command has confirmed the arrest and arraignment of 21 members of the sect in Malali area of the metropolis.
The Deputy Commissioner of Police, Isaac Ike, told newsmen that the fundamentalists were arrested and charged to court when it was discovered that they constituted security threat in the state.
“We brought them here, had interaction with them; and when we saw that perhaps they are going to be security risk, they were arrested and prosecuted – charged to court last week,” he stated.
Also, the Taraba State Police Command has strengthened security in the state while in Adamawa, 17 persons suspected to be fundamentalists involved in the latest sectarian crisis in Bauchi and other parts of the North were arrested in Yola at the weekend.
The suspects were arrested at a checkpoint mounted by the police as all roads leading to and from the state have been cordoned-off by a combined team of military, police and other security outfits.
Speaking to newsmen at the command headquarters in Jalingo, Police Public Relations Officer Babaina Sani said the command had received signals on the attack in the neighbouring states and had placed Taraba on “red alert” as all the police divisions and outposts in the state had been informed to be attentive on the happening in their area.
The Arewa Consultative Forum (ACF) and Christian Association of Nigeria (CAN) have condemned the outbreak of the religious crisis in some parts of the North.
ACF’s National Publicity Secretary Anthony Sani said the rationale behind the attack by the Islamic sect could not have been in accordance with the Islamic injunction the world over.
He said: “The recent skirmishes and attacks on the Police in Maiduguri and Bauchi caused by some religious militants who claim Western education is a taboo are regrettable and, thus, condemnable by Arewa Consultative Forum and peace-loving Nigerians.”
In the same vein, the Publicity Secretary of CAN in 19 Northern states and Federal Capital Territory (FCT), Rev. John Josept Hayab, said the attacks by the sect were premeditated, even as he blamed the security agencies for not averting them.
Briefing newsmen in Kaduna, the CAN spokesman, said the militants were the true enemies of the government; hence they should be fished out and be prosecuted along with their sponsors.

Affrontements au Nigeria : 65 morts, selon la police

AFP

27 juillet 2009

ABUJA — Soixante-cinq personnes ont été tuées au Nigeria dans des affrontements entre forces de l’ordre et membres d’une secte islamiste radicale se réclamant des talibans, selon un nouveau bilan de la police annoncé lundi.

« Cinq policiers ont été tués, une station de police a été incendiée et 60 talibans ont été tués », dans les Etats de Bauchi et de Yobe, dans le nord-est du Nigeria, a indiqué l’inspecteur général intérimaire de la police Ogbonna Onovo, lors d’une conférence de presse à Abuja.

Des heurts ont éclaté dimanche matin à Bauchi, capitale de l’Etat éponyme, quand la police a déjoué une attaque planifiée par la secte « Taliban » contre un poste de police.

Le précédent bilan communiqué dimanche par la police faisait état de 39 morts.

Depuis, des cas de violences dans d’autres Etats du nord-est du Nigeria ont été rapportés.

M. Onovo a indiqué que des membres de la secte Taliban se heurtaient désormais à la police dans l’Etat de Borno (nord-est).

« Ils sont à Maiduguri (capitale de l’Etat de Borno, ndlr) maitenant et se battent contre la police », a-t-il indiqué.

Selon Shafiu Mohammed, un résident de Gamboru-Ngala, dans l’Etat de Borno, des hommes appartenant à la secte Taliban, dont le nombre n’est pas connu, ont pris d’assaut cette ville frontalière avec le Cameroun dimanche soir.

Ils ont « brûlé vif un officier des douanes et égorgé un ingénieur local qui travaillait à la construction d’un nouveau bâtiment des douanes », a-t-il déclaré.

Ils ont également mis le feu à un poste de police, à des bâtiments des douanes ainsi qu’à une église, a poursuivi Shafiu Mohammed.

Selon lui, les membres de cette secte sont repartis à 02H00 du matin (01H00 GMT) après deux heures de violences. Lourdement armés, ils ont fait face à peu de résistance, a-t-il précisé.

Les « Taliban », un groupe composé essentiellement d’étudiants ayant abandonné leurs études, ont établi leur base dans le village de Kanamma, dans l’Etat de Yobe (nord-est), à la frontière avec le Niger.

Lors de sa création en janvier 2004, le mouvement comptait environ 200 jeunes musulmans extrémistes, dont des femmes.

A l’instar de l’ancien régime taliban en Afghanistan, les « Taliban » du Nigeria veulent instaurer un Etat « islamique pur » dans le nord du pays.

NIGERIA: Les forces de sécurité exhortées à enquêter sur les meurtres de 2008

www.irinnews.org

DAKAR, 24 juillet 2009 (IRIN) – La police et les forces armées nigérianes ont tué 130 civils, majoritairement de jeunes hommes musulmans, et doivent de toute urgence mener une enquête sur cette affaire, a déclaré Human Rights Watch (HRW) à une commission d’enquête judiciaire au sujet des violences perpétrées en novembre 2008 dans l’Etat de Plateau.

Plus de 700 personnes ont été tuées à Jos, la capitale de l’Etat, au cours d’affrontements entre des communautés musulmanes et chrétiennes, les 28 et 29 novembre.

Alors que la plupart des violences intercommunautaires ont eu lieu le 28 novembre, la grande majorité des personnes tuées par les forces de sécurité l’ont été le 29 novembre, après que Jonah Jang, gouverneur de l’Etat de Plateau, a ordonné aux forces de l’ordre de « tirer à vue », selon un rapport publié par HRW le 20 juillet.

Des témoins musulmans ont affirmé que les Chrétiens ont détruit 22 mosquées, 15 écoles islamiques et des centaines de commerces tenus par des Musulmans ; d’après des témoins chrétiens, des jeunes Musulmans auraient assiégé et incendié jusqu’à 46 églises et des centaines de maisons habitées par des Chrétiens, et tué sept responsables ecclésiastiques.

HRW a appelé les autorités à enquêter sur les meurtres, à identifier quelles ont été les conséquences de l’ordre de « tirer à vue », de même qu’à arrêter et juger les personnes ayant perpétré ou organisé ces violences.

« Nos soldats ont reçu des instructions très strictes leur imposant de recourir le moins possible à la violence et de respecter les règles d’engagement », a dit à HRW Emeka Onwuamaegbu, Brigadier Général et porte-parole de l’armée.

Depuis la parution du rapport, le porte-parole de l’armée a assuré à HRW que les autorités militaires prenaient les observations de l’organisation au sérieux, et qu’elles attendaient les recommandations de la commission d’enquête.

Mohamed Lerama, porte-parole de la police de Jos, a indiqué à IRIN que l’autorité centrale de la police ferait une déclaration publique en réponse aux conclusions de la commission, quand celles-ci seraient finalisées.

Selon Eric Guttschuss, chercheur chez HRW, il est « encore trop tôt pour savoir » si le gouvernement tiendra pour responsables les auteurs des violences. D’après lui, « si le gouvernement fédéral et le gouvernement de l’Etat n’agissent pas avec détermination dans ce sens, les auteurs des violences se sentiront légitimés et encouragés à continuer à violer les droits de l’homme ».

Depuis 1999, près de 12 000 personnes ont trouvé la mort dans des affrontements intercommunautaires ethno-religieux, d’après HRW. A Jos, en septembre 2001, des affrontements sectaires ont fait un millier de morts, et à Yelwa, dans l’Etat de Kebbi, dans le nord-ouest du pays, 700 personnes ont perdu la vie en mars 2004. Il y a trois mois, des centaines de commerces et de maisons ont été incendiés au cours d’affrontements sectaires dans l’Etat de Niger.

Problèmes de fond

HRW a également appelé le gouvernement fédéral et les gouvernements des Etats à s’attaquer aux causes profondes du conflit. Selon l’organisation, l’une de ces causes est la discrimination, par les gouvernements, à l’encontre des « non-indigènes », c’est-à-dire des habitants qui ne peuvent pas retracer leur ascendance généalogique jusqu’aux populations initiales d’une région. Cette politique interdit à des millions de Nigérians de travailler pour les gouvernements, que ce soit à l’échelle locale ou à l’échelle de l’Etat, et d’étudier à l’Université.

Les violences de novembre 2008 ont eu lieu à la suite d’une élection locale très polémique, opposant principalement les « indigènes » chrétiens, qui soutenaient en majorité un candidat chrétien du parti au pouvoir, le Parti démocratique du peuple (PDP), et les « non-indigènes » musulmans, qui appuyaient pour la plupart le candidat musulman du parti d’opposition, le Parti de tous les peuples nigérians (ANPP).

D’après le rapport de HRW, « les conflits religieux, politiques et ethniques sont souvent une manifestation indirecte des graves pressions économiques que subit le pays de manière sous-jacente ».

D’après M. Guttschuss, l’organisation fait pression depuis 2001 pour l’abandon des politiques favorisant les indigènes, mais « en huit ans de violences récurrentes, nous n’avons pas observé d’action significative en ce sens de la part du gouvernement fédéral ou des gouvernements des Etats ».

Un projet de loi nationale visant à assouplir la politique de discrimination a été proposé il y a de nombreuses années, mais il n’est jamais passé en commission.

~ par Alain Bertho sur 26 juillet 2009.

Laisser un commentaire