Emeutes au Sénégal décembre 2008

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Sénégal-Kédougou lourdes peines pour les émeutiers : film du procès

11 janvier 2009

Onze des vingt et neuf prévenus sont relaxés, huit sont condamnés à cinq ans fermes, deux à sept ans et huit autres à une peine d’emprisonnement ferme de dix ans. Parmi eux, quatre étudiants, un élève et un enseignant. Des peines qui ont suscité plus que l’émoi et l’amertume chez les parents des détenus. Les avocats décident interjeter appel tandis que des voix ont fusé de partout aussi bien à Tamba qu’à Kédougou pour s’en prendre à l’indépendance de la Justice.

«L’injustice est de loin préférée à la justice» pour Me Sidiki Kaba, l’un des conseils des prévenus au nombre de 29. Après un procès marathon de près de 14 heures d’horloge, le verdict est tombé. 11 personnes sont purement et simplement relaxées, 8 sont condamnées à cinq ans de prison ferme tandis que 2 ont écopé une peine de sept ans et 8 autres en ont pour 10 ans de prison.

Le réquisitoire du procureur de la République près du tribunal de Tambacounda, Serigne Bassirou Guèye a annoncé la couleur des lourdes peines. «C’est un procès historique, un procès des pilleurs du siècle, de brebis égarées pas du tout représentatifs des populations de Kédougou qui sont loin d’être xénophobes comme certains laisseront l’entendre», a-t-il plaidé. Soulignant les ambitions de l’Etat pour la région ce qui se justifie par ses investissements et son érection en région, le procureur retrace le fil des événements. «Les étudiants ont débarqué à Kédougou le dimanche 7 décembre pour mettre le feu à des pneus, tenir une série de réunions, lancer des appels à la mobilisation, créer un attroupement armé». Ce qui fond le parquet à affirmer que «ces étudiants ont savamment et longuement concocté un plan de destruction et un autre de communication qui les disculperaient difficilement».

Mort de Sina Sidibé : le procureur disculpe l’armée

Il a, ainsi, battu en brèche les arguments selon lesquels, c’est la mort de Mamadou Sina Sidibé par balle qui les aurait surexcités. «Ils ont bel et bien pillé, mis du feu à des édifices publics dont le tout nouveau tribunal départemental équipé, blessés des éléments de la force publique bien avant le drame». A ce sujet, Serigne Bassirou Guèye a dit avoir la certitude que la munition qui a mortellement fauché Sina Sidibé n’a pu être tirée par aucune des armes que détiennent les forces publiques.

Fort de ces arguments, le procureur de la République près du tribunal régional de Tambacounda, a requis la relaxe pour un groupe de 8 qui ont nié systématiquement les faits aussi bien à l’enquête préliminaire que devant la barre, 9 ans de prison pour 10 jeunes qui, selon lui, ont avoué avoir pris part aux émeutes, 10 ans pour ceux qui sont considérés comme étant les meneurs.

L’agent judiciaire de l’Etat n’a, pour sa part, réclamé que le franc symbolique pour les dommages subis par l’Etat. Il a, en outre, exalté l’unicité de l’Etat et son caractère indivisible. «Vous ne pouvez vous exclure de l’Etat en le malmenant, en insultant la République et en retour lui demander plus de considération», a-t-il fulminé avant de commenter «quel incroyable paradoxe».

La défense parle de «preuves forcées»

La défense composée essentiellement d’avocats leaders d’associations et d’organismes de défense des droits de l’homme a tenté de démonter le réquisitoire du parquet. En effet, Me Demba Ciré Bathily a assimilé ce procès à un «plan machiavélique tendant à détruire de pauvres innocents parce qu’on veut protéger des intérêts privés et masquer des débats majeurs consistant à revoir de fonds en comble la problématique des opérations minières en cours dans la région de Kédougou». Selon lui, «les preuves brandies par le parquet sont des preuves forcées. C’est renversant de voir tous ces corps lacérés qui illustrent parfaitement que ces pauvres ont subi des tortures et que le procureur veuillent faire remonter ces blessures à un demi siècle avant. Ceci atteste qu’il n’a aucune sorte de considération pour la dignité humaine», s’est-il indigné.

Le président de l’Organisation Nationale des droits de l’homme (ONDH), Me Assane Dioma Ndiaye a estimé que «les éléments de preuve brandis par le parquet ne sauraient justifier les peines prononcées par le procureur. Ils sont légers». Selon lui, «pour la première fois dans l’histoire judiciaire de la nation, un témoin, le principal à charge qu’est le commandant de la brigade de gendarmerie de Kédougou, est également partie civile». Outre les tortures, Me Assane Dioma Ndiaye s’est étonné du fait que «des déclarations de codétenus ou encore des sources anonymes puissent constituer des éléments de preuves dans un dossier aussi sérieux où l’avenir de pauvres innocents est en jeu».

Les interrogations de la défense

Le président d’honneur de la Ligue Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), Me Sidiki Kaba a parlé «de château de cartes» qu’il a tenté de démolir. Et de s’interroger : «comment est ce qu’il est possible que dans une manifestation de plus d’un millier d’âmes, qu’on ne puisse pointer du doigt que seulement 29 personnes ?». Me Sidiki Kaba a plaidé : «condamnez les coupables, oui, mais ceux là ne le sont pas. Personne, à commencer par nous, ne saurait admettre que des institutions de la République soient saccagées».

Les plaidoiries de la défense n’ont pas eu beaucoup d’effets sur la décision du juge. Il va ainsi décider la relaxe de Rolland Kaly Boubane, Jean Pierre Yéra Bindia, Aladji Bakary Cissé (un gambien en transit qui était là au mauvais moment), tous des chômeurs, ainsi que Salif Diallo, interprète au tribunal départemental de Kédougou, Douga Fainké et Amadou Diouldé Barry, étudiants, Mallé Dansokho un commerçant, Sory Keita un plombier, Koliba Cissokho chauffeur, Ibrahima Diallo et Martin Bassène d’anciens militaires.
Pour Fatim Bâ étudiante, Lamarana Diallo, Boubacar Médoune Diop tailleurs, Dembo Bâ frigoriste, Alpha Oumar Touré sans emploi, Youssouph Sidibé chauffeur, Mady Keita marabout et Mamadou Dian Diallo mécanicien, une peine de 5 ans d’emprisonnement ferme.

La lourde main du juge

7 ans de prison ferme pour Issa Diallo dont on dit qu’il est le président du GIE «IAMK» (Insertion des Anciens Militaires de Kédougou) et Aliou Monékhata, un animateur de radio.

Et enfin une condamnation de 10 ans ferme pour Saloun Taouda, un blessé par balle qui n’a même pu se tenir debout à la barre, Alphousseynou Diallo un élève, Ithiar Bindia, Gérémy Bianquinch, Amadou Tidiane Diallo et Kally Sammuel Boubane, des étudiants, Assane Diallo enseignant et Souleymane Diallo sans emploi. Ils auront, aussi, à payer près de 17 millions de francs de préjudice.

Des peines qui ont mis à la renverse les parents des prévenus. Ils, particulièrement les mères de famille, ont éclaté en sanglots dès l’annonce du verdict.

Les familles contestent l’indépendance de la Justice

«Des familles sont disloquées, des carrières de pauvres et de brillants étudiants sur lesquels devraient pouvoir compter toute une nation sont brisées pour des droits à la vie que réclamaient les habitants de toute une région. Nous sommes profondément bouleversés et ne reconnaissons plus notre justice qui semble aller à deux vitesses», ont vociféré les membres du comité des ressortissants de Kédougou à Tambacounda.

Le président d’honneur de la FIDH est d’avis que «ce verdict n’est pas de nature à œuvrer dans le sens de l’apaisement». Tandis que le président de l’ONDH annonce que les avocats de la défense vont interjeter appel.

Pour rappel, le mardi 23 décembre dernier la région de Kédougou était à feu et à sang. Les jeunes notamment des étudiants qui réclamaient de meilleures conditions d’existence à Dakar et plus de lumière dans la gestion des ressources issues des exploitations des mines ont violement manifesté. Une manifestation qui a dégénéré et provoqué l’intervention de l’armée. Deux morts ont été officiellement enregistrés dont Mamadou Sina Sidibé par balle. Les éléments du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) ont fait une descente à Kédougou pour procéder à des arrestations fracassantes dénoncées par les organisations de défense des droits de l’homme qui ont parlé d’actes de torture.


Boubacar Tamba (Sud quotidien) le Dimanche 11 Janvier 2009 – 19:44

La situation reste tendue à Kédougou après les émeutes de l’emploi

ipsinternational.org

KEDOUGOU, Sénégal, 3 jan (IPS) – Les 25 jeunes détenus à la suite des violentes manifestations réprimées à Kédougou, dans le sud-est du Sénégal, la semaine dernière, ont comparu vendredi devant un tribunal de Tambacounda (est du pays), mais leur procès est reporté à vendredi prochain à la demande de leurs avocats.

Ces jeunes dont une fille sont accusés d’incendie volontaire et de destruction d’édifices publics, entre autres. Une semaine après les manifestations, la ville en garde encore les empreintes avec des bâtiments publics noircis par les flammes, des pneus brûlés et des militaires armés sur toutes les artères principales. Mais leurs avocats dénoncent des arrestations arbitraires.

IPS a constaté cette semaine à Kédougou que les archives du tribunal, de l’Inspection de l’éducation nationale et de la mairie ont été incendiées par les jeunes manifestants qui demandaient un emploi aux autorités. Située à 750 kilomètres de Dakar, la capitale sénégalaise, la ville de Kédougou n’a plus d’infrastructures administratives, tout ayant été brûlé, même à la préfecture.

Le magistrat Gorgui Diouf a déclaré à IPS qu’il était en audience de conciliation au tribunal de Kédougou, le 23 décembre, lorsque de jeunes manifestants avaient surgi et qu’il était obligé de se réfugier dans les toilettes avec les plaignants pendant trois heures.

«Il n’y a plus d’archives, la mémoire est partie en fumée. C’est une documentation constituée depuis l’époque coloniale sur l’évolution des structures; le fichier du personnel a disparu», déplore-t-il.

Concernant les causes de la manifestation qui aurait fait deux morts, la population de Kédougou affirme ne pas tirer profit de l’extraction de l’or de Sobodala, dans la région, par des multinationales. Plus grave, la population estime que cette extraction pollue et intoxique au cyanure, provoquant ainsi des maladies comme la tuberculose.

«Les jeunes de la ville de Kédougou qui sortent du lycée technique sont laissés en rade, alors qu’ils pouvaient bien être des employés dans l’industrie d’extraction. Pire, c’est des étrangers qu’on amène de Dakar pour travailler ici; c’est grave et nous pendant ce temps, on fait quoi?», s’offusque Ibrahima Dieng, un des jeunes manifestants que IPS à rencontré à Kédougou.

Plus de 650 jeunes veulent travailler comme en qualité d’ouvriers sur le site d’extraction de l’or, comme électriciens, mécaniciens, chimistes pour ceux qui sont sortis du lycée technique de Kédougou, et surveillants pour d’autres, indique Ciré Wagne, coordonnateur du Mouvement pour le développement de Kédougou.

Selon Dieng, après le décès des deux jeunes manifestants, plus de 50 autres ont été arrêtés et incarcérés dont la moitié ont été libérés. «Les militaires nous accusent d’avoir volé des fusils à la gendarmerie lors de la manifestation, alors que deux fusils seulement ont été pris et remis aux militaires, mais ils continuent d’arrêter nos camarades», explique-t-il à IPS.

Mais, le lieutenant de gendarmerie Ibrahima Ndour affirme qu’une dizaine de fusils a été volée et il faut impérativement les retrouver, sinon, ajoute-t-il, les jeunes resteront en prison.

L’ancien maire de Kédougou, Amath Dansokho, estime que la surdité du pouvoir face aux multiples alertes des jeunes, une ‘’politique de pillage et de boulimie foncière du régime, excluant les jeunes de Kédougou, sont à l’origine de cette manifestation réprimées férocement par les militaires’’.

«Kédougou a tenu à exprimer son ras-le-bol devant la confiscation et l’affectation à des étrangers, de leur patrimoine foncier, comme l’illustre l’octroi de plus de 80.000 hectares à un ressortissant espagnol, soutirant les champs des populations, c’est insupportable», clame-t-il à IPS.

Selon Dansokho, il est difficile pour la population de Kédougou de voir chaque jour des camions transportant des tonnes de ressources minières vers Dakar, alors que les jeunes de cette localité, où l’or est extrait, se meurent dans le chômage et que leurs écoles et postes de santé manquent du minimum requis.

Wagne estime que le décès du jeune Mamadou Sina Sidibé, 30 ans, a envenimé les choses. Selon lui, les jeunes voulaient venger leur camarade tué le premier à bout portant devant la radio communautaire de Kédougou, le 23 décembre.

«Les forces de l’ordre ne cessent de traquer les jeunes jusque dans leur domicile. Moi-même, ils sont venus me chercher à l’hôpital pour m’amener à la gendarmerie, c’est quand ma situation a commencé à empirer qu’ils m’ont ramené au district sanitaire», explique Wagne à IPS, en colère.

Le commandant de la gendarmerie territoriale, le colonel Madjimby Diop, a cependant fait cas d’un seul mort, le jeune Sidibé. «Il y a eu neuf blessés légers du côté des forces de l’ordre et 26 chez les manifestants. Plus d’une vingtaine de véhicules ont été brûlés», dit-il à IPS.

Toutefois Moussa Dansokho, un des détenus libérés affirme qu’il y a beaucoup de jeunes qui sont torturés et déférés en prison. «J’ai vu des gens qu’on a torturés avec des coups de pieds dans le ventre. On nous a maltraités et on nous accuse d’avoir volé des armes à feu. Certains ont eu des coups de poings sur la tête et sur les parties intimes», révèle-t-il à IPS.

IPS a rencontré un médecin du district sanitaire de Kédougou qui a requis l’anonymat, indiquant qu’il y a plus de blessés que le nombre annoncé par les autorités. «Toutes les salles sont pleines. Regarde toi-même, c’est rien que des blessés, certains sont acheminés à Dakar. Les militaires ont été trop violents face aux jeunes sans armes», indique-t-il à IPS.

Alioune Tine, président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO), dénonce les méthodes d’arrestation violentes, les interrogations musclées et les tortures physiques et morales, qui selon lui, contreviennent aux normes les plus élémentaires en matière de droits humains.

La RADDHO exige l’ouverture d’une enquête judiciaire sur les violations commises par les forces de l’ordre, et recommande la libération de toutes les personnes arrêtées.

Le ministre sénégalais de l’Intérieur, Cheikh Tidiane Sy, a promis, lors d’une visite le 26 décembre à Kédougou, de faire toute la lumière sur ces incidents. «Pour la libération des jeunes, force reste à la loi», a-t-il déclaré, ajoutant qu’ils auraient dû exprimer leur mécontentement à travers le dialogue. (FIN/2009)

Emeutes de Kedougou : Amnesty contre « les violations des droits humains »…

30 décembre 2008

Amnesty International reste très préoccupée par ce qu’elle appelle « la violation des droits humains à Kédougou », depuis les manifestations du jeudi 23 décembre dernier.

L’Ong internationale l’a fait savoir dans une lettre adressée au président de la République Me Abdoulaye Wade le 27 décembre 2008 dont nous avons eu une copie. Elle reproche au gouvernement de n’avoir pas pris des « mesures idoines pour prévenir cette manifestation » qui aurait occasionné de nombreux dégâts. Elle précise par la suite que « notre pays aurait pu faire l’économie des pertes en vies humaines, de blessés graves et de destructions d’édifices publics si des forces de Police et de Gendarmerie avaient été déployées en nombre suffisant dans la ville pour prévenir ces manifestations ».

Cependant, l’Ong dénonce l’attitude des forces de sécurité qui, « sans aucun mandat de la justice, continuent à pourchasser les meneurs de la manifestation et à fouiller les maisons, tandis que le calme est revenu sur la région suite à la médiation des notables ». Ces actions sont considérées comme une « violation flagrante de la loi et des engagements internationaux de notre pays en matière de droits humains », a-t-elle déclaré dans la même lettre. Toutefois, l’Ong lance un appel au chef de l’Etat pour que cessent immédiatement « ces violations des droits humains, dont les conséquences peuvent être graves pour la paix et la stabilité du pays ». L’Ong invite à « un dialogue franc et sincère, dans le but de satisfaire les revendications légitimes des habitants de la région, afin d’épargner le pays d’une nouvelle instabilité à l’Est ».30-dec-2008

Sénégal-Kédougou : suite aux émeutes de mardi – L’Etat pense à une infiltration étrangère, et procède à des arrestations

afriklive.com

27 décembre 2008

On joue toujours les prolongations, ici à Kédougou, après les violentes manifestations de mardi. Avec l’ampleur des dégâts, la tactique utilisée par les manifestants, mais aussi au vol supposé d’armes à feu, les autorités étatiques prises de court, croient à une participation de mercenaires venues de la Guinée, du Mali, du Ghana et de la Gambie. Du coup, les forces de l’ordre procèdent à de multiples arrestations.

On se croirait en plein bourbier irakien, tellement règnent la peur et la terreur, avec la présence massive des forces de défense et de sécurité armées jusqu’aux dents, et déployées sur toute l’étendue de la commune de Kédougou. Après les événements du mardi, les autorités militaires, dépassées par les nombreuses pertes subies par l’administration, mais aussi la parfaite coordination des attaques menées par les populations en colère, et pour faire diversion, suite l’implication de leurs éléments dans la mort du jeune Sina, pensent que des étrangers ont « combattu » aux côtés des jeunes kédovins. « Des mercenaires venus des pays limitrophes comme la Guinée Conakry, le Mali, la Gambie, en plus de Ghanéens seraient impliqués dans les événements du mardi ». Aussi, parlent-ils de disparition d’armes à feu pour étayer leur pensée. Une autorité locale, n’a pas hésité à qualifier les émeutes d’une vraie tactique de guerre. Depuis, c’est la peur et la terreur qui règnent au sein des populations, avec des arrestations menées nuitamment et matinalement par les forces de l’ordre, « sans aucun respect des droits et libertés des individus» s’offusque le représentant local de la Raddho ici à Kédougou. Beaucoup de personnes supposées impliquées sont cueillies systématiquement chez eux, et conduits directement au camp militaire Fodé Bâ, transformé par la force des choses en principal siège de l’administration, « sans aucune autre forme de procès ». Le président du syndicat du regroupement des chauffeurs de la ville, a été arrêté hier matin « pour transport de mercenaires venus de la Guinée », d’après certaines indiscrétions. Les principales cibles demeurent cependant les anciens militaires qui sont pincés et traqués partout. Le président du GIE Insertion des Anciens Militaires et civiles de Kédougou (IAMCK) est d’ailleurs sous les verrous depuis le premier jour. et refuse toute libération des jeunes arrêtés

En marge de la présentation de condoléances du gouvernement par les ministres de l’intérieur et des forces armées, des négociations en vue de la libération des jeunes arrêtés ont été faites. 35minutes seulement d’entretien. La délégation officielle est arrivée à exactement 15h55mn. Le porte-parole des populations, le président du conseil islamique, l’iman Alpha Bâ, a essuyé un refus catégorique à peine voilé du ministre de l’Intérieur Cheikh Tidiane Sy, qui justifie sa venue, « pour simplement présenter les condoléances et constater les dégâts et pas pour autre chose ». Cela signifie que l’Etat demeure dans sa logique, qui voudrait que « force reste à la loi », annoncée depuis mardi par le porte-parole du gouvernement. Un mémorandum devait même être remis à la délégation gouvernementale. Depuis, c’est la désolation et la profonde inquiétude qui animent les gens, qui ne savent plus quoi faire, eux qui veulent retrouver la paix.

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Emeutes de Kedougou. Autopsie de Sina Sidibé : le «piétiné» de Aziz Sow est mort par arme à feu

26 décembre 2008

Mamadou Sina Sidibé a été enterré hier à Kédougou. Toute la ville s’est mobilisée pour rendre un dernier hommage à ce jeune menuisier métallique tué par balle lors des affrontements entre forces de l’ordre et étudiants de cette localité du Sud-est du pays. Mais, contrairement au ministre de l’Information, qui parlait de mort par piétinement, l’autopsie a conclu à un homicide involontaire. Par Mamadou DIALLO

Le jeune Mamadou Sina Sidibé, qui a été tué lors des affrontements entre forces de l’ordre et étudiants de Kédougou a regagné hier sa dernière demeure. Il a été enterré dans une ambiance morose et triste. Selon, un confrère joint hier au téléphone, c’est une immense foule qui a accompagné le jeune Sidibé de la maison mortuaire aux Cimetières où il a été inhumé. Tout cela, ajoute-t-il, sous des larmes et des cris des parents et amis de la victime. «Il y avait une forte affluence. Les parents et quelques responsables de la localité se sont rendus à la gendarmerie pour retirer le rapport d’autopsie qui a confirmé la mort du jeune par balle», précise-t-il. L’autopsie a été réalisée par Victorino Mendes, médecin légiste à l’Hôpital Aristide Le Dantec. Le procès-verbal de la brigade de gendarmerie de Kédougou, au terme de l’autopsie, a conclu à un homicide involontaire par arme à feu.

Ce qui contredit la thèse du ministre de l’Information Abdou Aziz Sow, selon laquelle le jeune menuisier métallique est décédé après avoir été piétiné. Selon notre interlocuteur, la tension risque encore de monter après l’enterrement de la victime. Car, à l’en croire, les jeunes de la région exigent la libération immédiate et sans condition de leurs camarades encore retenus à la brigade de gendarmerie de Kédougou. Cela, au moment où les forces de l’ordre continuent d’entrer dans les maisons pour cueillir certaines personnes. «Un certain Dembo Bâ, frigoriste a été cueilli cet après-midi (hier) par les gendarmes devant sa famille. Les gendarmes disent avoir perdu des armes et qu’ils sont en train de les rechercher», soutient notre source.

Au moins une vingtaine de personnes sont entre les mains des limiers. Il faut, toutefois, noter, selon notre confrère, l’arrivée dans la ville de nouveaux éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi) et du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (Gign) pour renforcer les éléments déployés sur place. La ville a été quadrillée par les forces de l’ordre. «Le député Moustapha Mamba Guirassy était aussi présent à la mosquée, mais il n’a pas pu prendre la parole. Les jeunes ont refusé qu’il la prenne», ajoute notre source.

De violents affrontements avaient opposé, mardi dernier les étudiants de Kédougou aux forces de l’ordre. Les manifestants reprochent aux autorités de leur localité de ne pas les assister dans leurs études à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. A ce propos, les étudiants dénonçaient le non paiement par la société minière Arcelor Mittal de l’immeuble pris en location dans la capitale sénégalaise par eux. Ces affrontements ont fait, à ce jour, selon les autorités, 2 morts, 35 blessés et une vingtaine d’interpellations du côté des jeunes de cette localité du Sud-est du pays

Kedougou/ les jeunes traques, la liste des blesses s’allonge. Les forces de l’ordre à la recherche d’armes

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vendredi 26 décembre 2008

par Mamadou Cheikh Fall

La situation est toujours tendue à Kédougou.Depuis mardi dernier,on ne cesse de traquer des jeunes jusque dans leur domicile pour les arrêter. Car les forces de l’ordre disent avoir perdu une dizaine d’armes à feu appartenant à la brigade mobile de sûreté(Bms) dont trois retrouvées. Pour elles, il faut impérativement retrouver ces armes pour libérer les jeunes arrêtés et dont le bilan se chiffre, aux dernières nouvelles, à 21 personnes.Une délégation composée de dix imams et un chef de quartier devait à nouveau rencontrer le gouverneur Mamadou Diome.

Les choses vont de mal en pis dans la région de Kédougou.Après l’enterrement de Mamadou Sina Sidibé dont la mort par balle a été confirmée par l’autopsie que le médecin légiste Victorino Mendez de l’hôpital Aristide Le Dantec a faite,les jeunes sont plus décidés et remontés à jamais.

Car pour les marcheurs ce qui empire la situation c’est le fait que les militaires traquent et gardent plus d’une vingtaine de jeunes qui seraient dénoncés par un des leurs qui appartient au conseil communal de la jeunesse.Ce dernier serait même mis dans un lieu sûr car ses camarades veulent le bastonner .Quant aux blessés, ils auraient dépassé la vingtaine parce que certains parmi eux se soignent au district sanitaire de Kédougou,d’autres à Tambacounda.

Un seul jeune qui a été grièvement blessé a été évacué à Dakar, selon nos sources.Pour calmer les jeunes qui sont toujours sur la défensive,un comité de onze personnes composé de dix imams et un délégué de quartier va rencontrer le gouverneur (hier à 17h) pour qu’on libère les manifestants qui ont été appréhendés.

En réunion à la grande mosquée de la ville après l’enterrement de Mamadou Sina Sidibé,les marcheurs ont failli passer à tabac leur élu, Moustapha Guirassy. Ils l’accusent d’avoir attendu trois jours après les émeutes pour venir à Kédougou.Une chose qui a déplu et surpris plus d’un dans la cité collinaire de Kédougou. »Si foto tégué« (en malinké qui veut dire »on va te couper les c……..)

Vous êtes un vaut rien. Vous voulez faire de la récupération politique, mais nous ne l’acceptons pas ». Le député Guirassy a été traité de tous les noms d’oiseau et il s’en est fallu de peu pour qu’on ne le tabasse dans la grande mosquée,lieu de culte qui l’a énormément sauvé.

Signalons qu’à cause de la tension, la messe de minuit n’a pas enregistré beaucoup d’adeptes.

Le gouverneur Mamadou Diome invité par la paroisse a assisté à la messe sous escorte. La prière s’est passée dans les règles de l’art, mais les gens n’osaient pas sortir la nuit pour faire la fête. Le groupement mobile d’intervention est venu en renforts aux gendarmes et militaires. Aux dernières nouvelles on apprend que Mme Wade et son fils auraient appelé l’ancien député maire socialiste Elhadji Bocar Sidibé pour lui présenter les condoléances

Sénégal-Kédougou : la libération des jeunes est sous condition

25 décembre 2008

Les jeunes de la nouvelle région de Kédougou ne démordent pas. Après les violents affrontements de mardi dernier ayant occasionné un mort par balle, ils exigent la libération sans condition de leurs camarades. Alors que l’armée refuse catégoriquement et réclame les armes ramassées par les jeunes. C’est dans ce climat que les notables de la région sont montés au créneau pour jouer les bons offices. Un calme très précaire règne dans cette partie du Sénégal où forces de l’ordre et jeunes se regardent en chien de faïence.

La libération des jeunes arrêtés lors des émeutes du mardi 23 décembre dernier est sous condition. Le gouverneur serait favorable à la libération des jeunes mais, il a, au préalable, exigé que les marcheurs rendent d’abord toutes les armes ramassées lors des affrontements. Une accusation que les manifestants ont balayée d’un revers de main.

Les forces de l’ordre, notamment les hommes du commandant de la zone militaire numéro 4 ont, selon des sources sûres, estimé que les émeutiers auraient ramassé et gardé par devers eux des armes. C’est ainsi que ces forces de l’ordre réclament à leur tour que ces armes soient rétrocédées avant la libération de ces jeunes interpellés. Ce que les jeunes ne veulent pas entendre.

Les Kédovins semblent, ainsi, ne pas encore dit leur dernier mot. Ils continuent d’afficher leurs dispositions à en découdre avec les gendarmes et les militaires qui ont carrément assiégé toute la ville. Ces jeunes comptent venger leur camarade Mamadou Sina Sidibé tué par balle et qui a finalement été inhumé ce mercredi 25 décembre.

Les jeunes de cette nouvelle région exigent la libération de leurs camarades arrêtés lors des émeutes. Ils ont indiqué que pour le moment leur mise en liberté est leur principale préoccupation. Cependant, cette hargne et cette détermination des jeunes butent devant la volonté des notables et dignitaires religieux de la zone à vouloir ramener la quiétude. Des sources révèlent qu’une délégation conduite par l’ancien député-maire socialiste, El hadji Bocar Sidibé, a rencontré le gouverneur pour le retour au calme avec la libération des jeunes arrêtés. Le président régional du Conseil islamique, Thierno Mamadou Alpha Bâ, a, pour sa part particulièrement, plaidé pour l’installation d’un climat apaisé.

Le rapport de l’autopsie, de cette seule victime préalablement reconnue par l’Etat, serait entre les mains de la gendarmerie de Kédougou. Un autre bilan officiel fait état de deux morts. Or, un autre bilan établi par la Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme) fait état de trois morts. Il serait mort, selon Alioune Tine, des suites de ses blessures. La Raddho a, par ailleurs, dénoncé la façon dont les émeutes ont été durement réprimées avec l’intervention de l’armée.

Kédougou : une gestion nébuleuse à l’origine des affrontements

24 décembre 2008

La manifestation des jeunes de Kédougou est loin d’être spontanée. Tout est parti d’une convention d’hébergement que Arcelor Mittal a accepté de financer pour des étudiants ressortissants de Kédougou pour un montant de quarante quatre millions. Les étudiants qui ont pu trouver un appartement à la Médina ont, par la suite, découvert des irrégularités dans les dépenses.

La gestion des quarante quatre millions alloués aux étudiants de Kédougou à Dakar par la compagnie Arcelor Mittal est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase dans cette nouvelle région. D’après « Le Populaire », après la location de 16 appartements dans un immeuble de la médina, Arcelor Mittal a déboursé 20 millions pour l’équipement. Chaque mois 2 millions sont débloqués pour le paiement du loyer. Ce qui fait aux yeux des étudiants une manne de 44 millions dont la gestion est « nébuleuse ».

Parce que soutiennent-ils « le coût du loyer ne dépasse pas un total de 1,5 million. Les étudiants ont alors demandé le versement du reste de l’argent dans les caisses de l’association des élèves et étudiants ressortissants de Kédougou (Aeerk).

Repartis à Kédougou pour les fêtes de tabaski, ils ont organisé un forum de trois jours. Ce, après avoir manifesté devant la municipalité pour déplorer le retard de l’aide aux bacheliers et la « modicité » de la subvention municipale. C’est suite au forum organisé au Cedeps que la marche a été décidée.

Dr Moussa Sylla de la direction des mines et de la géologie joint au téléphone par nos confrères a laissé entendre des propos « qui confirment une partie des révélations des étudiants, tout en niant une quelconque implication ». Il a fait comprendre, par ailleurs, que le logement des étudiants est géré par trois structures « la préfecture de Kédougou à titre de locataire pour le compte de l’Aeerk, le Coud à titre de gérant pour le compte de la préfecture de Kédougou et le propriétaire de l’immeuble ».

La tension est encore perceptible à Kédougou ce matin. Les populations ont repris leurs occupations habituelles mais la crainte d’un autre soulèvement demeure encore. Certains commerces sont restés fermés en ce lendemain de chaudes échauffourées entre forces de l’ordre et jeunes de cette région.

Kédougou érigée en région depuis quelques mois souffre de manque d’infrastructure. Le sous emploi des jeunes rend la vie encore plus chère dans cette partie orientale du Sénégal.

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La manifestation meurtrière de Kédougou en vedette

24 décembre 2008

La nouvelle fait la une de tous les journaux de ce mercredi : des émeutes qui ont éclaté à Kédougou, ville située à 702 kilomètres de Dakar ont fait deux morts et 12 blessés graves. Montrant la tête de feu Mamadou Sinan Sidibé percée par la balle qui l’a fauché lors de ces événements, « Le Quotidien » titre ‘’Kédougou à feu et à sang’’. Mais pour Walfadjri, il y a plus grave.

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Pour le journal du Front de terre, qui rappelle, au passage, les récentes émeutes de Guédiawaye, « le pays va mal tout simplement ». Car, selon ce confrère, au fond, les causes réelles de ces émeutes les voici : « Depuis des années le désespoir a fait place à l’immense richesse de la terre des hommes. Kédougou était placé comme le département le plus pauvre avec 85% de ménages pauvres, alors qu’au même moment Sabodola enrichissait les dirigeants de ce pays. Relatant pour sa part ces événements qu’il qualifie de « tempête macabre » « l’As » s’étonne du fait que même les agents de renseignements généraux semblent être pris au dépourvu, alors que depuis quelques semaines, les jeunes de Kédougou, épaulés par les étudiants de la localité multipliaient les rencontres pour réfléchir sur les voies et moyens de bénéficier des retombées des multiples contrats passés entre l’Etat et les sociétés d’exploitation aurifères. D’ailleurs affirme « Le Populaire » Wade jugeant avoir été désinformé, s’emporte et exige toute la lumière ».

Un autre mort qui a fait parlé de lui est le désormais ex-chef de l’Etat en Guinée, le général Lansana Conté. Pour « Sud quotidien », « La situation reste confuse en Guinée ». Pour le Quotidien, ‘’La Guinée sombre dans la confusion’’. Explication : quelques heures seulement après la mort du Président guinéen, des militaires ont annoncé la dissolution des institutions. Ils demandent maintenant membres du gouvernement et aux officiers généraux de se rendre dans un camp militaire pour assurer leur protection.

Sur un tout autre chapitre, le président du Conseil national du patronat, qui était en conférence de presse, ce mardi, et relayé par le Populaire, parle de management « voyoucratique » et demande un audit par rapport aux manœuvres visant à faire main basse sur les réserves financières de l’Institut de prévoyance retraite du Sénégal. (Ipres). Relayé aussi par Sud, Mansour Kama persiste : « Nous sommes toujours d’avis que la dette intérieure dépasse 174 milliards de Frs et encourageons l’audit complet ».

Revenant sur « la bulle immobilière » qui gangrène Dakar depuis 1997 et 1998, le Soleil avertit : « Gare au choc brutal ». Selon une étude de la Direction de la prévention et des études économiques (Dpe), le dégonflement de cette bulle devrait aller de pair avec une baisse du prix de l’immobilier, mais les experts estiment que son éclatement brutal pourrait avoir un impacte sur le système bancaire.

Khalifa Ababacar DIOP

Kedougou a feu et a sang. Deux jeunes tués, des locaux saccagés

SUD QUOTIDIEN

Mamadou Cheikh Fall

mercredi 24 décembre 2008

Une première à Kédougou. Des locaux administratifs brûlés et saccagés par une foule en furie. Des véhicules incendiés. Kédougou quasiment en proie à l’insurrection ! Les jeunes ont en effet, violemment manifesté hier, mardi 23 décembre brûlant la quasi-totalité des services administratifs et véhicules dans la commune. Les forces de sécurité cherchant à rétablir l’ordre ont fait usage de leurs armes. Résultats : deux morts ont été enregistrés dans le camp des contestataires. Très remontés, les jeunes disent qu’ils vont venger Sina Sidibé la première victime. L’autre est un enfant âgé de moins de 15 ans…

Amath Dansokho ex-maire de la ville, Secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) faisant allusion aux ressources du terroir, notamment l’or qui a poussé des multinationales à venir et signer des accords de conventions dont on ignore les contenus afin d’exploiter les ressources, avait-il confié, avait certifié que Kédougou risquait d’être une « Casamance bis ».

L’histoire semble lui donner raison. Kédougou était en effet, à feu et à sang hier, mardi 23 décembre. Tout est parti d’un mouvement d’humeur. Des étudiants à la veille de la Tabaski qui avaient pris un bus depuis Dakar avaient brûlé à leur arrivée des pneus sur la place Mady Cissokho. Ils disaient pour s’en justifier que l’argent que « Arcelormittal » versait pour la location de l’immeuble qu’ils occupent à Dakar ne leur était pas parvenu depuis un certain temps.

C’est par la suite que les autorités de la nouvelle région les avaient rencontrés pour leur dire que l’allocation serait même augmentée. Depuis ce jour, ils (les étudiants) ne cessaient de tenir des rencontres où ils annonçaient qu’ils comptaient saboter la visite du président de la République Me Abdoulaye Wade à l’usine de Sabodala qui a été reportée, tout comme brûler la gouvernance.

Chose promise chose faite. Hier ils sont même passés à la vitesse supérieure. Tôt le matin, des bandes déterminées de manifestants avaient pris d’assaut les grandes artères de la ville en les remplissant d’affiches qui n’épargnaient personne. A 9 heures déjà, les marcheurs avaient fait déguerpir tous les élèves de la commune pour prendre la direction de la gouvernance.

Arrivés sur les lieux ils ont défoncé les portes et brûlé le véhicule qu’un groupement d’intérêt économique dénommé « Alcatras » avait remis au chef de l’exécutif de la région. Ensuite ils sont allé à la station d’essence « Total » pour y prendre de force du carburant avec quoi, ils ont aspergé les locaux de la préfecture où deux véhicules qu’ils ont ainsi calciné avant de rendre à quelques à la résidence du préfet.

Là-bas c’était le même scénario, la maison prise par les flammes, son véhicule personnel et celui de la préfecture calcinée devant six gendarmes impuissants face à une foule de jeunes qui dépassait deux mille âmes. Etant surs qu’ils ne pouvaient pas contenir les marcheurs,les gendarmes ont fait appel aux militaires du camp Fodé Bâ qui n’étaient tout juste qu’un peloton et aux sapeurs pompiers qui tentaient d’éteindre les feux qui étaient allumés partout dans les différents services. Les hostilités opposaient toujours les manifestants et les forces de l’ordre très insuffisantes et qui pensaient comme d’habitude qu’elles pouvaient les apeurer avec des gaz lacrymogènes.

C’est devant la radio communautaire à quelques jets de pierres de la préfecture qu’un des militaires a tiré à bout portant sur Sina Sidibé qui tomba aussitôt avant de baigner dans une marre de sang. Aussitôt avertis les soldats du feu sont venus l’amener au district sanitaire où il succomba avant toute intervention. Il avait reçu une balle dans la tête. C’est ce qui a empiré la situation.

Après la mort de Sina Sidibé en effet, les jeunes criaient qu’ils allaient venger leur ami menuisier de son état. Ils ont ainsi pris d’assaut le tribunal départemental flambant neuf, la gendarmerie, la douane, l’inspection de l’éducation pour y mettre le feu un à un. Un enfant qui était aux alentours de la gare routière a aussi reçu une balle, il est finalement mort hier soir. Vers treize heures et demie il y avait une petite accalmie histoire de prendre des forces et pour se redonner rendez-vous l’après-midi. Le renfort qui devait venir de Tambacounda était arrivé mais cela n’a pas empêché les marcheurs de reprendre les hostilités.

Dans les hostilités, il y avait au menu des jets de pierre,de l’essence ,du feu contre gaz lacrymogènes et coups de fusil. Un autre jeune parmi les marcheurs a lui aussi reçu une balle sous les aisselles, il était dans un état critique au moment où on l’évacuait sans cependant oublier les militaires qui ont blessé un des leurs par balle.

Les jeunes seraient-ils manipulés par des politiques ? Nul sait pour le moment. Depuis que les jeunes de Khossanto s’en étaient pris cependant aux travailleurs de Mineral Deposits Limited à propos du découpage administratif de la nouvelle région, on indexe de plus en plus à tort ou à raison certains responsables politiques comme les manipulateurs des jeunes.

En est-il pour hier ? Ou n’est-ce seulement l’expression d’un ras-le-bol d’une jeunesse fatiguée par des promesses non tenues et par ce qu’elle considère comme une spoliation des richesses naturelles de son sol sans qu’elle en tire profit

Des émeutes éclatent à Kédougou


24 décembre 2008

Située dans le Sénégal oriental, la ville de Kédougou vit dans le désarroi depuis quelques jours. Des jeunes en quête d’un mieux être ont été tués par des militaires, ce mardi, lors de manifestations spontanées. Dans cette ville où les mines d’or, les marbres ou encore le fleuve Gambie sont perçus comme une richesse inépuisable, l’immense pauvreté des populations laisse plus d’un observateur perplexe.

(Correspondance) – Kédougou, distant de 702 km de Dakar, a connu une journée noire ce mardi. En effet, une émeute des jeunes de la ville a fait deux morts, douze blessés graves, dont huit civils et quatre gendarmes. Tôt le matin d’hier, des jeunes très en colère ont déclenché une manifestation au lycée technique industriel et minier, où ils avaient séquestré le chef des travaux. Après leur forfait, les manifestants sont descendus dans la rue pour progresser vers le centre. Ainsi, pendant quatre tours d’horloge, ces jeunes en furie, sont restés maître de la ville, en l’absence des forces de l’ordre. Dans un premier temps, les gendarmes de la compagnie tenteront de clamer les révoltés. Il y a eu des accrochages entre les hommes en bleu et les manifestants. Toutefois, au regard de leur nombre très réduit, les gendarmes étaient obligés de battre en retraite. Les jeunes, plongés dans tous leurs états, se sont attaqués aux différents services de la ville. Ainsi, ils ont mis le feu au domicile du préfet de Kédougou, et détruit des voitures de particuliers. Les locaux de la gendarmerie, de la police, de l’inspection départementale de l’éducation nationale, de la poste et de la douane ont été mis à sac.

C’est dans cette confusion qu’un jeune est tombé, tué par une balle réelle, tirée par les militaires venus prêtés main forte aux gendarmes. Le jeune Sinan Sidibé, âgé d’une vingtaine d’années a succombé à ses blessures avant son évacuation au district sanitaire de Kédougou. Cette mort est venue aggraver la situation. Le groupe de manifestants s’est alors agrandi. La tristesse se lisait sur tous les visages surtout quand il a fallu accompagner la victime à la morgue de l’hôpital de Kédougou.

Les manifestants revendiquaient, entre autres, la vente des terres aux tierces personnes qui ne sont pas d’ailleurs originaires de la région. La répartition des fonds sociaux miniers ‘qui enrichissent les parasites et les affamés au détriment des populations locales’, le manque de considération de Kédougou de la part de l’Etat. Le déficit énorme de personnels dans le domaine de la santé, de l’éducation, la souffrance des jeunes au niveau des sites miniers à la recherche de l’emploi sont autant d’arguments brandis par les jeunes pour justifier leur révolte. Aujourd’hui, ils exigent que l’usine de raffinerie de l’or et du marbre soit implantée à Kédougou et non à Dakar. Mais aussi et surtout que les 80 mille hectares de terres, attribuées à un Espagnol du nom de Raoul Barosso, par les présidents des conseils ruraux de Bandafassi, de Saraya et de Tomboronkoto, soient reconsidérés.

Dans la soirée alors que le renfort prenait possession de la ville, les réactions n’ont pas manqué au niveau du quartier Dandémayo où habite le jeune Sinan. La tristesse et la désolation se lisaient sur les visages. Aux environs de 17 heures, on annonçait le décès d’un autre enfant de 12 ans, touché par une (autre) balle. Ce qui ramène à deux le nombre de manifestants morts. Un autre enfant, de douze ans, a été touché par la balle. On apprend également que le sous-préfet de Sabodala aurait été séquestré par les jeunes de la communauté rurale de Missira Sirimana. Une situation qui peut dégénérer encore à tout moment, selon nombre d’observateurs. Selon eux, la frustration des jeunes de Kédougou est grande.

En outre, depuis plus de deux ans, les signes avant-coureurs, d’une telle manifestation, étaient perceptibles dans la région avec des différents mouvements d’humeurs. A Khossanto, par exemple, les jeunes de la localité avaient à l’époque bastonné leurs parents. ‘Parce que, disaient-ils, ces notables ne disaient pas la vérité sur l’emploi des jeunes à Sabodala’. La récente marche des étudiants, qui déploraient le manque de transparence dans la gestion des finances destinées à l’équipement de leur immeuble à Dakar, et le refus de la délégation spéciale d’attribuer cette année la subvention des élèves et étudiants de Kédougou sont aussi des données qui ont accentué la frustration.

Depuis des années, le désespoir a fait place à l’immense richesse de la terre des hommes. Kédougou était placé comme le département le plus pauvre avec 85 % de ménages pauvres alors qu’au même moment Sabodola enrichissait les dirigeants de ce pays.

Najib Sagna et Soly B. Dabo

La situation s’envenime à Kédougou après les deux morts

24 décembre 2008

La fièvre est montée en puissance à Kédougou après des tirs mortels survenus depuis les rangs de l’armée. Deux jeunes manifestants en ont perdu la vie. En réplique beaucoup de locaux de l’administration ont été saccagés et brulés.

C’est devant la radio communautaire à quelques jets de pierres de la préfecture qu’un des militaires a tiré à bout portant sur Sina Sidibé l’atteignant mortellement à la tête. C’est dans une marre de sang que les sapeurs l’ont recueilli pour l’évacuer au district sanitaire. Malheureusement il succomba de sa blessure avant même de recevoir les premiers soins. La situation a aussitôt empiré. La mort de Sina Sidibé, menuisier de profession, a provoqué l’hystérie et la furie chez les jeunes qui sont devenus incontrôlables. Ils ont pris d’assaut successivement les locaux du tribunal départemental, de la gendarmerie, puis de la douane et de l’inspection de l’éducation pour tout saccager et mettre le feu. L’arrivée des renforts venus de Tambacounda n’a changé en rien la détermination des jeunes à poursuivre les hostilités avec les forces de l’ordre. De c’est affrontement un second jeune a mortellement reçu à son tour une balle aux alentours de la gare routière. Il est finalement mort hier soir. Cela sans compter avec un autre manifestant qui a lui aussi reçu une balle sous les aisselles, la laissant jusque là dans un état critique. Pour encore rendre compte de la folie qui a prévalu à Kédougou, un militaire a été blessé par balle par les siens. L’inexpérience ne peut pas trouver meilleur allié que chez ces hommes d’arme. Il n’est aucun doute que les forces de sécurité ont été lamentables. En tuant parce qu’incapable de garder leur sang froid devant un obstacle, ils ont trahi leur manque de formation. Cette insuffisance dont ils ont fait montre remet en question leur qualification. Substituer aux gaz lacrymogènes des coups de fusils à balle réelle sur de simples citoyens en manifestation qui est un droit légal, est une lourde responsabilité. Le premier comptable de cette monstruosité est l’Etat avant même d’indexer les criminels circonstanciels qui sans doute se sont crus en mission commandée dans les rues de la RDC ou du Soudan. On sait par ailleurs que tout militaire rêve de mission pour s’appliquer mais on est au Sénégal. Il est toutefois très grave de faire descendre sur le terrain des agents peu qualifiés et de leur faire porter la responsabilité si cela tourne mal. Qu’importe les motivations politiques ou citoyennes des uns et des autres marcheurs, les différends autour du découpage administratif de la nouvelle région opposant les jeunes de Khossanto et les travailleurs de Mineral Deposits Limited, l’attitude de l’autorité est inconcevable et inacceptable. De ce fait, les responsabilités doivent être déclinées et assumées. Kédougou aura du mal à se remettre de sa fièvre

Soulèvement à Kédougou: un mort et plusieurs blessés

23 décembre 2008

Une personnes a perdu la vie au cours des affrontements avec les forces de l’ordre. Les jeunes de Kédougou se sont violemment affrontés aux forces de l’ordre, ce mardi 23 décembre, pour manifester leur colère. Las de vivre dans une région qui souffre de « manque d’infrastructures », ils ont saccagé plusieurs édifices publics pour exiger une meilleure considération de leur région et des emplois.

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L’enfant de moins de 15 ans blessé par balle (photo : http://www.tambacounda.info)

Un bilan provisoire faisant état d’un mort, six blessés graves et beaucoup de dégâts matériels est le résultat des affrontements entre les jeunes de Kédougou et les forces de l’ordre, selon Mamadou Cheikh Fall, correspondant de « Sud Quotidien » à Kédougou.

Les forces de l’ordre de Kédougou ont eu ce matin une désagréable surprise. Ils ont eu du mal à contenir la colère des jeunes de la région qui ont voulu coûte que coûte dénoncer le sous emplois dont ils font l’objet et le manque d’infrastructures dont souffre leur région.

Le mouvement d’humeur a commencé par une marche aux environs de 10h. Dopés par l’envie de se faire entendre, les jeunes se sont, par la suite, attaqués à beaucoup d’édifices publics en saccageant la mairie, la gouvernance et le tout nouveau tribunal. Ils ont aussi brûlé deux voitures. C’est au moment où ils s’apprêtaient à mettre le feu à la résidence du préfet que les forces de l’ordre se sont érigées en boucliers pour leur en empêcher. Il s’en est suivi de vives altercations entre les policiers et les jeunes estimés à plus de deux mille. On a même noté des blessés chez les forces de l’ordre. Actuellement les activités sont au ralenti, malgré la présence des forces de l’ordre dans cette localité nouvellement érigée en région (février 2008). Les jeunes menacent de venger leur mort.

Rappelons que les jeunes qui étaient invités hier à la radio Dunya, avaient délogé toutes les écoles dès les premières heures de la matinée.

~ par Alain Bertho sur 24 décembre 2008.