Metaleurop : « du défensif au créatif ».

metaleurop.jpg

Chronique et analyse d’une lutte singulière.

Delphine Corteel

MCF, Université de Reims Champagne-Ardenne, Laboratoire AEP

delphine.corteel@univ-reims.fr

Anne Duhin

chercheuse, Centre d’Etude des Mutations en Europe, Université Paris 8

a.duhin@wanadoo.fr

Judith Hayem

MCF, Université Lille 1, Laboratoire du CLERSE

judith.hayem@wanadoo.fr

 

Résumé : Depuis 2003, les ex-salariés de Metaleurop Nord sont mobilisés contre le « patron voyou » qui a fermé brutalement leur usine. La force de leur action repose sur leur capacité à conserver intacte leur idée de l’usine, même après la fermeture de celle-ci. Cela leur a permis de continuer la lutte au travers de deux phases : l’une défensive autour d’une intersyndicale ; l’autre créative autour de l’invention d’un nouvel outil militant : l’association Chœurs de fondeurs.

Article de la Voix du Nord en pdf

 


Le 16 janvier 2003, dans un communiqué laconique, la direction de Metaleurop SA annonce qu’elle coupe les vivres à sa filiale Metaleurop Nord déficitaire, implantée sur le territoire de deux communes : Noyelles-Godault et Courcelles-les-Lens (Pas-de-Calais). Pas une ligne n’est consacrée aux 830 salariés de l’usine. En réalité, suite à un premier plan social conduit en juillet 2002, la maison mère, sous le haut patronage de Glencore, son actionnaire de référence, se livrait depuis plusieurs années à des activités de type mafieux lui permettant de piller avec profit sa filiale dans l’intention de l’abandonner et de se dédouaner de ses responsabilités patronales vis-à-vis de ses salariés et de l’Etat (Gaulin, 2005). Les salariés de Metaleurop se retrouvent alors sans emploi, sans indemnisation et sans patron pour entamer une négociation ou un bras de fer, mais ils ont la ferme intention de répondre à ce qu’ils nomment un « lâche abandon » (écrit du chœur, n°15)[1]. La situation de Metaleurop n’est pas isolée : les usines lâchées, en faillite, par leur patron et/ou leurs actionnaires sont aujourd’hui nombreuses. Bien souvent, comme c’est le cas ici, la production ne s’arrête pas pour autant. Elle est délocalisée, transférée vers les pays à bas coûts de main-d’œuvre. Une question se pose alors avec une grande acuité : quels sont les possibles pour les salariés, dans une situation où, contrairement au domaine sportif, l’abandon de l’adversaire ne conduit pas à une victoire et rend souvent caduques les armes traditionnelles de la lutte des classes et du conflit du travail. C’est cette question que nous nous proposons d’aborder ici en nous penchant sur la lutte des ex-salariés de Metaleurop Nord.

Comme dans toute situation de fermeture, la thématique de la fin, de la souffrance de la perte et donc de la mort est très présente (Linhart et al., 2002 ; Monjaret, 2005). Mort symbolique dans un premier temps. Mort réelle au fur et à mesure que les années passent et que des ex-salariés succombent à la maladie, se suicident brutalement ou à petit feu… Pourtant, bien que touchés au c(h)œur, dès l’annonce du « lâche abandon », les salariés de Metaleurop ont décidé d’être debout et de continuer à vivre la tête haute. « Tous ensemble »[2], ouvriers, employés et cadres confondus, s’engagent dans un processus de lutte singulier pour l’« honneur, la dignité et la justice »[3]. Ce processus court toujours aujourd’hui au travers des actions menées par Chœurs de Fondeurs, l’association des ex-salariés de Metaleurop Nord, qui rassemble encore environ 90% d’entre eux quatre ans après la fermeture de l’usine. Comme le déclarent les ex-salariés eux-mêmes : « une association qui n’a pas fini de lutter pour la reconquête de l’honneur de ses fondeurs » (présentation du rapport moral, 5° assemblée générale de l’association, 14 avril 2007).

Notre analyse s’appuie sur l’étude des nombreux documents produits sur et par les ex-salariés de Metaleurop à propos de leur lutte (films, articles de journaux, livres, etc.)[4] et notamment sur les entretiens réalisés par F. Fajardie, au moment de la lutte, à l’invitation des salariés (Fajardie, 2003). Nous nous basons également sur les matériaux recueillis lors de quatre missions de terrain réalisées entre octobre 2006 et avril 2007, au cours desquelles nous avons conduit une dizaine d’entretiens approfondis avec des ex-salariés très actifs pendant la lutte.

Notre travail montre que cette lutte tire sa force et son efficacité de prescriptions sur l’usine (Lazarus, 2001). En effet, ce que les salariés partagent, défendent et font vivre dans ce processus c’est leurs prescriptions singulières sur ce que peut et devrait être une usine en France aujourd’hui et le rapport qui devrait exister entre usine et salariés. A travers l’ensemble de leurs actions, ils entendent faire reconnaître et rendre effective la proposition selon laquelle l’usine appartient aussi à ses salariés. Il ne s’agit ni d’une idée passéiste, ni d’une chimère. Elle revêt au contraire, aujourd’hui, une dimension prescriptive et pragmatique.

Pour l’instant, nous distinguons deux phases dans ce processus. La première correspond à la lutte au sens traditionnel et va du 16 janvier 2003 au 4 avril 2003, date de la signature du protocole d’accord relatif au plan social. La seconde débute le 10 avril 2003, date de la fondation de l’association. Dans chaque phase de la lutte, les salariés trouvent la forme organisée et inventent une façon originale et renouvelée de tenir sur leur idée de l’usine. Idée qui accompagne donc le processus et évolue avec lui.

1. Du lâche abandon à la signature du plan social : la phase défensive

Dès l’annonce de la décision de Metaleurop SA de couper les vivres à sa filiale, les salariés refusant d’accepter cela comme une fatalité agissent très vite : ils continuent la production mais bloquent les livraisons pour éviter d’engraisser la maison mère qui vient de les lâcher. Les procédures juridiques concernant le dépôt de bilan puis le redressement judiciaire sont enclenchées et les salariés réagissent du tac au tac. Le 1° février, par exemple, « la marche blanche »[5] réunit 5000 à 6000 personnes dans les rues de Noyelles-Godault et de Courcelles-les-Lens : les salariés sont en tête, accompagnés par l’ensemble des syndicats, leurs familles, les habitants des deux communes, des politiques locaux. Cette marche marque le début de nombreuses manifestations et d’initiatives collectives. Le 10 mars 2003, en l’absence de repreneurs, la liquidation judiciaire est effective. L’occupation de l’usine se durcit. Les salariés bloquent les entrées. Ils entendent « sauvegarder l’outil de travail »[6] et prennent le contrôle des stocks de matières premières afin de disposer de moyens de pression lors des négociations. En décidant de couper les vivres de Metaleurop Nord, Metaleurop SA et Glencore nient l’existence des ouvriers qui ont fait fonctionner l’usine, mais aussi le fait que celle-ci est, pour eux, une source de travail et de revenus sans lesquels, ils sont condamnés à une mort salariale et symbolique, sinon réelle. Cette décision méprise les salariés, ce qu’ils ont été pour l’usine, ce que l’usine représente pour eux, mais aussi ce qu’ils vont devenir. Face à cela, les salariés n’hésitent pas à parler de crime et font le choix de s’engager dans la lutte. Ils entendent montrer que, malgré les attaques et les menaces, ils sont toujours vivants, toujours debout.

« Dignité et justice »

L’entrée dans la lutte est une décision. Elle repose sur un double processus d’identification : identification des principes et mécanismes en jeu dans la situation et (ré)identification des principes à l’œuvre dans l’existence de chacun. Ceux qui sont entrés en lutte considèrent que, dans la situation présente, leur dignité est outragée et que c’est à eux de la défendre. C’est une question de soi à soi pour restaurer son intégrité : « c’était pour le principe : si on ne lutte pas qu’est-ce qu’on est ? » (Fajardie, op. cit. : 33) déclare un ouvrier tandis qu’un autre souligne : « S’en remettre à d’autres pour sauver votre peau et rien foutre, c’est indigne » (id. : 34) et un troisième ajoute : « J’ai gagné ma dignité en participant à ce combat » (ibid. : 44). Ces catégories subjectives sont récurrentes et en partage parmi les salariés en lutte. Elles marquent la volonté de ne pas se laisser imposer une telle décision sans réagir. Quant à la notion de justice, c’est elle qui trace l’espace d’un autre possible que celui qu’entendent imposer Metaleurop SA et Glencore. Réclamer et obtenir justice, c’est se battre pour tenter de maintenir l’usine en marche dans un premier temps, puis pour obtenir un plan social et enfin, pour faire reconnaître que c’est Metaleurop SA le responsable de la fermeture de l’entreprise, que la maison mère abandonne le site sans dépolluer et que les salariés ne sont pas les pollueurs, comme la polémique déclenchée sur cette question l’a parfois laissé croire.

« Metaleurop vivra ! »

Les salariés déclarent : « Metaleurop vivra ! ». Il faut entendre ce mot d’ordre comme une prescription sur l’usine : contre la volonté des actionnaires qui s’engagent dans une autre voie et les écrasent, l’idée qu’ils ont de l’usine vivra parce qu’ils se battent pour la défendre. Ce n’est pas au seul patron de décider ce qu’une usine devient, si et quand elle s’arrête, les salariés ont aussi une idée de la façon dont la question de l’usine, de ses ouvriers et de la considération de leur travail doit être correctement réglée.

Cette prescription s’appuie sur les représentations multiples que les salariés déploient à propos de l’usine. Certains mettent l’accent sur la possibilité d’une vie digne par le travail pour les ouvriers, pour leurs enfants, pour la région, pour le pays. C’est ainsi que l’on peut comprendre que, pendant la lutte, surgissent des propositions comme : « quel avenir avons-nous ? » (pancarte tenue, lors de la marche blanche, par une jeune fille), « travail=dignité » (écrit à la bombe sur l’un des murs de l’usine) ou encore « nous voulons du travail » (crié, notamment, lors de la manifestation au siège de Glencore à Paris). Pour d’autres, l’idée de l’usine repose sur le fait qu’ils y ont engagé leur corps et leur vie de façon très réelle, au risque de la maladie (plombémie, cancers…) et de la mort (à l’issue de la maladie ou lors d’accidents du travail)[7] : « si un gars faisait une connerie, ça se répercutait sur tout le monde. On arrivait au boulot on remettait notre vie, notre santé dans les mains des autres » (KC, 12/12/2006). En retour, ils recevaient la promesse d’un avenir prospère et d’une vie digne pour soi, pour les siens et pour le pays. Les produits qu’ils fabriquaient avaient une utilité sociale, comme ils le rappellent en préambule de Corps de fondeurs (op. cit.). D’autres encore insistent sur les savoir-faire techniques très pointus qu’ils possédaient qui les inscrivaient dans une généalogie anthropologique : ils étaient des hommes (et des femmes) contribuant à la progression de la maîtrise des procédés métallurgiques, comme beaucoup d’autres avant eux. Le travail à l’usine donnait un sens à leur vie en les inscrivant dans un collectif, non seulement un collectif de travail mais, plus largement, un collectif humain.

Ces diverses représentations ne peuvent pas être reliées à telle ou telle catégorie de salarié, selon l’ancienneté dans l’usine, la position dans la hiérarchie ou le lieu de travail particulier : ateliers, laboratoires, bureaux… Elles ne sont pas exclusives les unes des autres et peuvent se combiner. Les identifications de l’usine par les salariés sont multiples et homogènes. Cette multiplicité est une des caractéristiques intrinsèques de la subjectivité à l’œuvre dans le processus, on la retrouve tout au long de celui-ci.

Dans un premier temps, jusqu’au 10 mars, date de la mise en liquidation judiciaire de l’entreprise, leur prescription sur l’usine prend forme autour de la mobilisation pour que l’usine ne ferme pas. Certains salariés envisagent de reprendre l’usine, d’autres cherchent activement des soutiens financiers et sollicitent d’éventuels repreneurs… mais sans succès. Puis, lorsque la fermeture de l’usine est confirmée par la liquidation judiciaire et la réception des lettres de licenciement 15 jours plus tard, la lutte se concentre sur l’obtention d’un plan social qui reconnaisse l’importance de la vie et de la santé des ouvriers. Il s’agit de reconnaître ce que les ouvriers ont donné à l’usine par le passé via des indemnités de licenciement mais aussi d’affirmer qu’ils ont droit à un avenir grâce, notamment, à la création d’emplois durables et adaptés aux qualifications de la main-d’œuvre disponible sur le site. Ils se battent également pour que les vrais responsables de la fermeture de l’usine soient identifiés et condamnés. Cette prescription va de paire avec la volonté de prendre la parole sur ce qui se passe. Un ex-salarié déclare : « le personnel de Metaleurop avait des choses à dire et voulait que ce soit dit » (KN, 11/12/2006). Prendre la parole, c’est affirmer l’importance de cette usine, du travail que l’on y faisait, de ce que l’on y produisait, c’est faire compter ce qu’était être ouvrier à Metaleurop : c’est faire exister le point de vue des salariés. Cette prise de parole se traduit, notamment, par des déclarations à la presse, l’accueil bienveillant de cinéastes venus pour réaliser des films sur le conflit, et l’invitation lancée à F. Fajardie de réaliser un livre sur Metaleurop. Elle permet « de reconnaître le témoignage des gens qui se sont sentis diffamés » et a un véritable effet libérateur : « parlant, on était plus forts, on n’était plus seuls » (KN, 11/12/2007).

« Tous ensemble »

Ce mot d’ordre, scandé dans toutes les manifestations, est essentiel pour comprendre la lutte et la forme organisationnelle qu’elle prend. Il n’est pas à proprement parler une prescription. Il se déploie comme un principe, un agir ensemble et un mode d’être au monde. Le crier permet de réaffirmer l’existence des salariés et de montrer leur force. Il rassemble et, comme les représentations de l’usine, il est multiple. Il se constitue en rompant avec les catégories hiérarchiques qui avaient cours au moment où l’usine fonctionnait et qui pouvaient être des facteurs de division entre les gens : « on est tous ensemble, y a pas de cadre, pas d’ouvrier. C’est ça qui fait notre force » (KX, 18/10/2006). Un nouvel « ensemble » voit le jour, entièrement indexé sur la lutte pour l’usine, créé pour engager un bras de fer avec la maison mère et, surtout, pour entamer une interlocution avec l’Etat. Il prend des figures et des formes organisationnelles diverses, plus ou moins formalisées.

Il revêt, notamment, la forme d’une intersyndicale constituée avec l’idée que les syndicats doivent faire front ensemble sans faire prévaloir de questions de pouvoir. Cette intersyndicale est régie par des règles de fonctionnement très strictes et très précises : composée de deux représentants par syndicat (CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC), tous ses membres participent à toutes les négociations, les décisions sont prises en commun. Seul, Farid Ramou, son porte-parole, est habilité à communiquer officiellement avec l’extérieur. Jeune délégué CGT, Farid Ramou incarne l’une des figures de cet agir ensemble. Porte-parole de tous, au nom de l’intersyndicale, ses prises de position, qu’il s’agisse de discours préparés ou de réactions à chaud, respectent toujours le « tous ensemble ». Jamais il ne met en avant son organisation syndicale. Instance la plus formelle et la plus institutionnelle de la lutte, l’intersyndicale n’en constitue pas pour autant la seule forme organisationnelle. Elle est incluse dans un ensemble d’acteurs plus vaste, identifié en « six rideaux défensifs » évoquant « les talents multiples, variés et complémentaires » (id.) que les différents salariés et leurs compagnes, engagées à leurs côtés, ont mis en oeuvre pendant la lutte. Cela met en évidence une autre caractéristique de l’idée du « tous ensemble ». Il inclut la multiplicité et la variété des points de vue et l’unité sur les principes n’exclut pas d’éventuels désaccords entre ses membres. « C’est cette équipe organisée en six rideaux qui empêcha le préfet de dormir. […] C’est cette équipe qui toucha le cœur de tant de personnes qui chacune avec leurs moyens propres firent preuve d’initiatives solidaires » (ibid.)

Les actions menées pour rendre visible l’affaire Metaleurop permettent de renforcer le « tous ensemble » en ne délégant pas le suivi de la lutte aux seuls syndicats, aux leaders mais en suivant tous, toutes les actions, partout. Elles ont revêtu plusieurs formes : manifester la conviction, le courage et la solidarité des ouvriers entre eux et avec leur région : « marche blanche », manifestations à Arras, Béthune, Douai, Lens, Paris… ; maintenir la pression médiatique par certaines actions spectaculaires comme le blocage du canal de la Deûle ou encore les jets de pains de sodium dans ce même canal ; occuper l’usine pour incarner le face-à-face avec Glencore en montrant qu’elle leur appartient également ; manifester devant les tribunaux pour montrer qu’on n’y statue pas que sur des chiffres mais qu’il s’agit bien d’hommes, etc. Partout, il s’agit de faire valoir leur idée de l’usine, de montrer que Metaleurop était vivant et dans la rue.

 

Ouvrier

Il est remarquable que, dans cette phase, « ouvrier », « classe ouvrière », « métallo » sont des termes couramment utilisés par tous les salariés en lutte, non pas comme un statut objectivement repérable dans la division du travail, mais comme cristallisateur d’une capacité politique, que ce soit en référence aux luttes passées ou à la situation actuelle de l’usine. « Moi j’appartiens à la classe ouvrière, je sais qu’on doit d’abord compter que sur nous-mêmes » (Fajardie, op. cit. : 113), « le gouvernement il a pris une leçon. Les autres patrons, ils ont vu, ils savent que maintenant les ouvriers ne se laisseront plus faire » (id. : 114) disent des ex-salariés à propos de la lutte. « Ouvrier » renvoie ici à un esprit et une forme d’engagement dans le conflit, à « ceux qui luttent », quel que soit leur statut professionnel ou qu’elles qu’aient été leurs engagements idéologiques et politiques auparavant. La figure qui émerge de la lutte est une figure ouvrière combative, dont les membres se retrouvent et se reconnaissent le temps du combat et qui laisse à chacun une certaine autonomie. « C’est assez curieux, parce que voyez-vous au départ, je n’étais pas proche des ouvriers, j’étais dans une bulle. Mais à mesure que la lutte se développait, j’ai basculé de l’autre côté. Je participais aux manifs, je découvrais tout un ensemble de choses », déclare, par exemple, l’ancien responsable des études informatiques (ibid. : 59).

 

Cette phase de la lutte s’achève le 4 avril 2003, par la signature d’un protocole d’accord concernant le plan d’accompagnement social et d’aide au reclassement des personnels Metaleurop-Nord, en préfecture d’Arras. Compte tenu des circonstances particulières de défaillance de l’entreprise, outre les dispositifs légaux minimaux, l’Etat, le Fond Social Européen et les collectivités territoriales accordent une dotation exceptionnelle. Du point de vue des ouvriers, cette première phase de la lutte a confirmé qu’il était possible de ne pas se laisser imposer par d’autres les termes et les enjeux de cette situation. Les salariés ont affirmé que la fermeture du site était leur affaire autant que celle du patron. Ils se sont battus pour faire reconnaître que la question de l’usine ne pouvait se résumer à une affaire de rentabilité. En prenant ainsi la parole, les salariés ont cherché à faire entendre et reconnaître leur propre vision de l’usine. Si elle n’efface pas le traumatisme vécu et ses conséquences, cette prise de parole leur a permis de retrouver la dignité au nom de laquelle ils se sont battus. « Parler (…) ça nous a redonné la parole et notre dignité » dit un ex-salarié (KN, 11/12/06).

 

2- Du défensif au créatif, l’invention d’une organisation originale : Chœurs de fondeurs.

Continuer tous ensemble

Dés lors que se profile la signature du plan social et que « le temps de la rue » (Corps de fondeurs, op. cit.) semble inévitablement révolu, les ex-salariés de Metaleurop se retrouvent face à un nouveau choix : se contenter de ce que leur octroie l’Etat, en guise de préjudice moral et financier ; ou, au contraire, se donner les moyens de continuer le processus sous une autre forme de manière à obtenir, au-delà de cette première victoire, « la reconnaissance totale de 830 honneurs et de 830 dignités bafoués. » (ibid.)

C’est cette seconde option qui retient l’attention de quelques personnes très engagées dans la lutte et dans l’intersyndicale, qui annoncent rapidement, début avril 2003, leur intention de poursuivre Metaleurop SA en justice en vue d’une reconnaissance du préjudice causé et dans l’espoir de faire jurisprudence. Elles indiquent aussi qu’elles comptent être partie prenante de l’opération de reprise du site et se constituer en interlocuteurs des repreneurs à venir. A cet effet, elles envisagent de créer une association d’ex-salariés, pour faire perdurer, sous d’autres formes les principes déjà déployés dans la phase défensive. La force de cette décision repose notamment sur la conscience claire que, pour faire cela, il est nécessaire de renouveler le dispositif organisationnel de la lutte avant même que celle-ci ne s’achève. De l’avis d’un de ses créateurs, la nouvelle entité doit, prendre naissance « durant le conflit ; sinon c’est foutu » (KC, 18/10/06).

En outre, cette initiative reconfigure sur plusieurs plans l’affrontement entre deux idées de l’usine : celle qu’incarne « le lâche abandon » de Glencore et celle qu’ont portée les ouvriers avec les mots d’ordre « tous ensemble » et « Metaleurop vivra ! ». Si l’usine comme entité industrielle ne peut plus vivre, il faut que vive l’entité humaine qui la compose ; c’est-à-dire que les ouvriers, survivent socialement et économiquement mais aussi que, subjectivement, l’idée qu’ils ont d’eux-mêmes et de l’usine perdure. Ceci implique de prendre acte que, si l’usine est définitivement fermée et ne redémarrera pas, sa disparition objective ne doit pas faire mourir l’idée qu’en ont les salariés. L’enjeu est donc de continuer à s’exprimer « tous ensemble » sur la base de la capacité subjective et pragmatique qui s’est constituée et déployée dans la phase défensive de la lutte afin de continuer celle-ci de manière « offensive » et « créative ». Il s’agit de « ne pas laisser les gens seuls » (CT 18/10/06) face aux licenciements et de « continuer à faire entendre leurs voix » (Le Cri du Chœur, n°1), tant auprès des patrons voyous que de l’Etat ou de l’opinion publique. Pour ce faire, il faut que les ex-salariés se constituent en interlocuteurs des uns et des autres alors que toutes les instances propres à l’usine et à la lutte vont disparaître (CE, CA, intersyndicale). « Une fois que l’entreprise est fermée il faut qu’on soit une entité pour pouvoir poursuivre ceux qui nous ont foutus à la porte » (KN 18/10/06).

Les ex-salariés optent pour une association qui leur permettra d’être « identifiés comme entité par rapport aux communes pour obtenir des locaux et des subventions afin d’innover et de fonctionner » (BM 18/10/06). Elle voit le jour le 10 avril 2003. Dès sa création, l’association a vocation à durer le temps nécessaire à l’aboutissement (ou l’échec) de ses objectifs – ce qui montre bien qu’il s’agit avant tout d’un outil de lutte. Autre spécificité, à laquelle tiennent les membres de Chœurs de Fondeurs et qui conforte la nature particulière de leur action, ils ne se considèrent pas comme une association de « chômeurs purs (…)[8] » mais comme « une association ajustée au sort des anciens de Metaleurop ». « Il y avait un vide on espère qu’on l’a pas trop mal rempli » commente l’un d’entre eux (BM 18/10/06). Il s’agit bien d’inventer quelque chose d’approprié à une situation singulière et aux principes qu’on a rappelés plus haut.

Le passage de l’intersyndicale à l’association va d’ailleurs de paire avec un renouvellement des catégories subjectives qui soutiennent la lutte, comme le souligne l’un des membres de l’association : « Depuis la création de l’association, on ne parle plus de syndicat. On ne travaille pas avec notre étiquette syndicale, on travaille plus avec notre cœur et avec notre âme. » (CT 18/10/06). Comme l’intersyndicale qui se trouvait intégrée à un ensemble plus vaste et divers, l’association permet, à d’autres actions individuelles ou collectives d’exister, elle les accompagne, les soutient et s’y adosse.

Chœurs de fondeurs, une association pas comme les autres

Avec l’association, la subjectivité qui a porté le processus depuis le début et s’est renforcée tout au long de la lutte, dispose d’un nouveau lieu pour se déployer. Ses quatre commissions constituent un cadre pour faire vivre les multiples identifications de l’usine, qu’il s’agisse de la possibilité d’une vie digne par le travail, de la poursuite du face-à-face avec Metaleurop SA ou du collectif humain, etc. Celles-ci se déclinent en deux volets, l’un offensif et l’autre créatif.

Le volet offensif se constitue dans la poursuite du face-à-face avec Metaleurop SA et ce, essentiellement sur le terrain judiciaire.

− La première commission, « Agir en justice », a constitué un dossier extrêmement détaillé démontrant le pillage de Metaleurop Nord par Metaleurop SA[9]. Rejeté en première instance, ce dossier a été gagné en appel à Douai le 16 décembre 2004. Cette « victoire morale » (L’écrit du chœur, n° 8) fut malheureusement suivie d’une défaite le 19 avril 2005, la cour de cassation ayant rendu un avis négatif, confirmé par la cour d’appel de Paris le 11 octobre 2005. Par ailleurs, les membres de l’association ont entrepris une action concertée aux Prud’hommes au travers de laquelle ils demandent, pour tous, une prime de 30 000 euros en reconnaissance du préjudice moral, sanitaire et financier. Comme dans la phase défensive, les salariés sont très mobilisés : ils contribuent activement à la constitution des dossiers et des plaidoiries et viennent en masse à chaque audience pour montrer leur détermination[10]. Outre le soulagement financier que le dédommagement représenterait pour eux, la sanction infligée à Metaleurop SA en cas de victoire devant les Prud’hommes viendrait alors, a posteriori, reconnaître la validité de l’idée des ouvriers sur l’usine.

Le volet offensif se déploie également de manière originale dans les assemblées générales des actionnaires de Metaleurop SA. En effet, un certain nombre de Chœurs de fondeurs ont fait l’acquisition d’actions Metaleurop, début 2004. Ils préparent chaque fois des questions écrites et se servent de ce lieu pour forcer l’interlocution avec la maison mère et se rappeler à son bon souvenir.

− Au plan de la santé, la commission « suivi médical post-professionnel » a d’abord pour objectif de surveiller la santé des ex-salariés, à l’instar de ce qui avait lieu lorsque l’entreprise fonctionnait encore. Puis, dans un second temps, elle se fixe pour objectif de faire reconnaître la pénibilité du travail et les maladies professionnelles consécutives au maniement du plomb, du cadmium et de l’amiante afin d’obtenir, pour certains ouvriers, des retraites anticipées. Manière, là aussi, de reconnaître et dédommager de façon adaptée à la situation, le travail effectué à l’usine, la nature spécifique de ce dernier, et ses effets sur ceux qui l’ont mené.

On peut inscrire le travail des trois autres commissions sur le versant créatif,

− La commission « réactivation du bassin d’emploi » constitue un outil pour encourager et accompagner la création d’emplois durables et adaptés aux qualifications des ex-salariés sur le site et dans la région, et veiller à la qualité de ceux-ci. Ses membres participent à toutes les réunions du comité lié au contrat de site mis en place par l’Etat. Son action la plus originale a sans doute été l’évaluation des projets des industriels candidats à s’installer sur le site. Deux projets de plates-formes de tri des déchets s’affrontaient. Afin de se faire une idée précise du type de travail et de postes susceptibles d’être créés, les membres de la commission sont allés visiter des entreprises de ce type dans la région. Puis ils ont élaboré un cahier des charges, convoqué les deux candidats, écouté et évalué leurs propositions[11]. Dans son ordonnance, la juge-commissaire à la liquidation judiciaire de Metaleurop Nord au Tribunal de Grande Instance de Béthune, souligne que le projet de Sita, qui a la faveur des ex-salariés, et également la sienne, « a été élaboré en concertation avec les anciens salariés représentés par l’association Chœurs de Fondeurs »[12]. Cette démarche inédite est cohérente avec l’implication initiale des ex-salariés pour la survie du site et, à travers lui, de ses employés et plus largement de la région. Elle conforte la reconnaissance de « Choeurs de fondeurs » par les pouvoirs publics.

Les membres de la commission se sont également investis pour soutenir quelques-uns de leurs collègues désireux de monter une coopérative ouvrière de production (la Scop ACE)[13] chargée, par Sita, de la dépollution du site. A cet effet, ils initient un réseau de compétences réunissant ouvriers, agents de maîtrise et techniciens de chaque atelier. Comme le dit son fondateur : « notre projet n’aurait pas pu voir le jour sans Chœurs de Fondeurs. » (KC, 18/10/2006). La création de cette Scop, qui s’est depuis beaucoup développée et emploie actuellement plus de 40 personnes, constitue l’un des exemples d’initiatives se déployant en lien avec l’association et en en partageant la subjectivité.

− La commission « accompagnement social » s’intéresse au devenir de tous les ex-salariés et intérimaires. Elle travaille d’abord en partenariat avec la cellule de reclassement et le comité de financeurs (Mazade, 2005). Ses promoteurs se donnent pour mission de faire valoir « ce dont les gens sont capables » (CT, 18/10/2006) devant les commissions de Validation des Acquis de l’Expérience et lors des demandes de formation ou de poste. Portés par leur idée d’une figure positive du travail, la connaissance des anciens salariés, celle des postes, des procédés techniques mis en œuvre à l’usine et l’esprit du « tous ensemble », les membres de la commission ont permis à de nombreuses personnes de retrouver une situation stabilisée (CDI, création d’entreprise, dispense de recherche d’emploi et retraités) en palliant à certaines défaillances de la cellule de reclassement. En effet, à la disparition de celle-ci, la commission a créé deux postes de « référents sociaux » (Steyaert, 2006) afin de poursuivre le travail engagé dès la création de l’association. Au 1° janvier 2007 le nombre de salariés stabilisés atteint 439[14], un chiffre qui ne cesse d’augmenter. Comme dit l’un des « référents sociaux » : « Nous ne sommes ni assistante sociale, ni l’ANPE. Nous sommes un lien pour aider, faire du suivi social, aider à retrouver un emploi dans les meilleures conditions » (CT, 18/10/2006).

Dans cet esprit, ils continuent à développer leur réseau de partenaires (ANPE, centre des impôts, CAF, mutuelle, mission locale, l’ancien DRH de Metaleurop, etc) permettant de faire face, au mieux, aux divers aléas de la vie quotidienne des ex-salariés. Ces derniers nourrissent également ce réseau en ne manquant pas d’informer les référents sociaux des opportunités qu’ils ont repérées. « L’esprit des métallos » (Corps de fondeurs, op. cit.), soudés dans le travail et dans la lutte perdure ainsi : « Le mot solidarité est vraiment employé à 100% dans l’association. Quelqu’un voit un profil de travail qui peut intéresser un ancien de Metaleurop, il va nous appeler. […] Quand je disais solidarité, il y a des gens qui arrivent à avoir des aides et ils viennent nous le dire, ils font passer l’info. Des fois on ne sait pas tout. C’est ça la solidarité. » (CT, 12/12/2006)

− La « promotion des valeurs des ex-salariés », est l’enjeu de la cinquième commission qui se confond avec la précédente à partir de 2005. Il s’agit de maintenir actifs des espaces de convivialité et de loisirs comme « le rendez-vous des métallos » du mardi matin à la mairie de Courcelles-les-Lens ou le repas de la Saint-Eloi (patron des métallurgistes) tous les 1° décembre.

Bien qu’aucune commission n’encadre formellement cette activité, la prise de parole sur l’usine, ses caractéristiques et la lutte menée pour la préserver s’est également poursuivie à l’initiative de certains membres de l’association. Ils ont ainsi renouvelé et diversifié le réseau de partenaires et d’interlocuteurs liés à Chœurs de fondeurs. Les prises de parole ont revêtu des formes diverses, nous n’en évoquons que quelques-unes ici. Nombreuses ont été les projections-débats des films[15] racontant la lutte des Metaleurop auxquelles les fondeurs ont été invités à participer, non seulement en France mais aussi en Belgique. Le plus souvent présents par groupes de 3 ou 4 personnes, les Choeurs de fondeurs se sont exprimés devant des parterres de militants (Ligue des Droits de l’Homme, ATTAC, Syndicat de la Magistrature, etc.), de cinéphiles, de lycéens ou d’étudiants avec la volonté de donner à entendre ce qu’était l’usine, la spécificité du travail qu’on y faisait mais aussi ce qui lui était arrivé. Au-delà du témoignage apporté et de la volonté de ne pas céder sur leur propre idée de l’usine, il s’agit pour certains métallos de poursuivre la dénonciation de Metaleurop SA auprès d’un public plus large. Ils entendent susciter préventivement une prise de conscience sur la nécessité de légiférer pour empêcher de plus amples méfaits des « patrons voyous » et tentent de soutenir la lutte de salariés touchés par des licenciements en les faisant bénéficier de leur expérience personnelle. Des initiatives comparables ont eu lieu à l’occasion d’un Forum Social Européen à Saint-Denis et en collaboration avec ATTAC pour réaliser un documentaire sur le démantèlement de Metaleurop SA. Ce film est venu soutenir le travail de la commission « Agir en Justice »[16]. Mais les ex-salariés ont aussi créé leurs propres matériaux pour interpeller le public et conserver vivante leur idée de l’usine ou du moins la mémoire de celle-ci. Plusieurs expositions de photos ont été montées par leurs soins, sollicitant pour l’une la collaboration de lycéens (Wingles, Octobre 2005) pour l’autres la participation des anciens salariés (Fondre en chœur, Courcelles, avril 2006). Des livres ont été écrits sur l’usine par d’ex-salariés (Knopik, 2004) ou sont en cours de réalisation sur l’histoire du site. Des chansons ont été composées et offertes par des habitants ou des salariés pour célébrer le courage des métallos, témoignant d’une solidarité indemne, même après la lutte[17]. Démêler ce qui relève des enjeux de mémoire et de l’investissement militant dans ces prises de parole exigera une analyse plus approfondie. Néanmoins, la créativité et la vitalité mobilisées dans ces initiatives par les ex-salariés confirment que la représentation subjective de l’usine qu’ils ont su préserver constitue, pour eux, une ressource essentielle, dès lors qu’il s’agit d’affronter l’avenir.

Au travers de ses diverses activités, Chœurs de fondeurs est donc parvenue, au-delà de la fermeture du site, à maintenir et faire valoir l’idée que les anciens salariés de Metaleurop ont de leur usine, sans les enfermer pour autant dans un passé révolu, mais en leur permettant au contraire de se tourner vers l’avenir de manière active. Cela lui a permis sous divers registres de continuer sa lutte pour la reconnaissance par l’Etat et par Glencore du lien qui unissait l’usine aux ouvriers.

Conclusion

La lutte des anciens salariés de Metaleurop se poursuit donc depuis 4 ans. Elle a connu plusieurs phases et en connaîtra certainement d’autres que la poursuite de l’enquête aura pour tâche d’identifier et d’analyser. Mais ce qui caractérise son activité demeure, sans conteste, sa capacité à mettre en œuvre et adapter les principes sur lesquels elle s’est constituée. Ainsi, dans la conjoncture relativement nouvelle que constitue l’abandon de plus en plus fréquent des entreprises par leurs maisons mères, la naissance de Chœurs de fondeurs a constitué un protocole d’action efficace, si on en juge par les succès engrangés par l’association et par l’accueil que lui ont réservé les pouvoirs publics. En effet, comme on vient de le voir, les membres de Chœurs de fondeurs sont parvenus, sans se substituer à l’Etat, à se faire reconnaître comme des interlocuteurs légitimes et incontournables s’agissant du devenir des ex-salariés de Metaleurop.

La capacité politique dont ils font fait montre a aussi prouvé qu’il était possible d’éviter qu’à la catastrophe industrielle s’ajoute la fatalité du désastre individuel ; par leurs principes et leurs actions ils ont constitué un champ de possibles pour eux, pour leur région et pour le pays. Mais ils ont également souligné que la nouvelle conjoncture internationale exige d’intervenir en amont du désengagement des entreprises vis-à-vis de leurs salariés. Leur expérience invite à une révision des cadres juridiques nationaux et internationaux permettant de faire face aux « patrons voyous » car dans l’état actuel du Droit du travail, les salariés ne sont pas en mesure d’agir seuls sur ce plan. Plus fondamentalement, les Choeurs de fondeurs convoquent l’Etat à se prononcer sur la place des entreprises et des hommes qui y travaillent dans un pays donné, en soulignant son incapacité actuelle à jouer un rôle de régulateur et la nécessité de remédier à cette carence.

 

Références bibliographiques

Brüsewitz K., (2004), La signification de la fermeture de l’usine Metaleurop Nord pour les différents habitants de Courcelles-les-Lens, Mémoire de maîtrise sous la direction de Olivier Mazade, Université Lille 1.

Fajardie F., (2003), Metaleurop : paroles ouvrières, Paris : Mille et une nuits.

Gaulin M.-J., (2005), Metaleurop : une crise locale aux causes internationales et aux conséquences nationales, Mémoire de maîtrise sous la direction du Professeur Robert Franck, Université Paris I.

Knopik S., (2004), Jour comme un autre, Lille, Editions du Sansonnet.

Lazarus S., (2001), ‘Anthropologie ouvrière et enquêtes d’usine : état des lieux et problématique’, Ethnologie Française, 2001-3 : 389–400.

Linhart D., Rist B., Durand E., (2002), Perte d’emploi, perte de soi, Paris : Erès.

Mazade O., (2005), ‘Cellules de reclassement et individualisation du traitement du chômage. Le cas de Metaleurop et des Houillères du Nord.’, Revue de l’IRES, 47 : 195-214.

Monjaret A., (2005), ‘Quand les lieux de travail ferment…’, Ethnologie Française, XXXV-4 : 581-592.

Stayeart D., (2005) Remonteur de moral, Paris, Le cherche midi.

 


[1] L’écrit du chœur est le journal de l’association des ex-salariés de Metaleurop Nord. Il paraît depuis 4 ans au rythme de 4 numéros par an. Tous les numéros sont disponibles sur le site de l’association : www.choeursdefondeurs.com

[2] Nous montrerons au cours du texte que ce mot d’ordre prend un sens singulier et ne se confond pas, par exemple, avec le « tous ensemble » des grèves de 1995.

[3] Corps de fondeurs, Chœurs de Fondeurs, 79 mn, 2006. Montage vidéo réalisé par l’association à propos de la lutte. Il est destiné aux salariés eux-mêmes et n’a pas vocation à être diffusé plus largement. Il a été montré au public lors de l’exposition organisée par l’association en avril 2006.

[4] Pour une liste exhaustive, voir le site de l’association. Pour une liste des interventions, voir Brüsewitz, 2004.

[5] Le nom ‘marche blanche’ fait référence à la neige qui est tombée pendant la manifestation.

[6] Le conflit Metaleurop, Czubek S. et Lallement G., 78 mn, 2004.

[7] Pour les accidents les plus récents : 16 juillet 1993, explosion d’une colonne de distillation du zinc, 10 morts (8 ouvriers et 2 ingénieurs) ; 24 janvier 1994 nouvelle explosion de la colonne de distillation à peine remise en service, 1 mort ; un autre accident mortel avait eu lieu en 1990. (Le Monde, Les Echos, 21 mai 1997)

[8] Cependant Chœurs de Fondeurs est membre du MNCP (Mouvement National des Chômeurs et Précaires).

[9] La constitution de ce précieux dossier n’aurait pas été possible sans la prise de conscience de certains cadres bien avant la fermeture. Dès 2002, certains d’entre eux, alertés par les opérations louches qui se déroulaient, ont commencé à alerter les pouvoirs publics, le CE et à conserver les preuves de ce qui avait lieu.

[10] La dernière audience du 23 mars 2007 devant le conseil des Prud’hommes a réuni plus de 200 personnes.

[11] Le cahier des charges est disponible sur le site de l’association à la rubrique « quoi de neuf ? ».

[12] Ordonnance de la juge-commissaire à la liquidation judiciaire de Metaleurop Nord, Tribunal de Grande Instance de Béthune, 12 novembre 2003.

[13] www.aceconseil.net et sur l’histoire de la création de la scop : Metaleurop Germinal 2003, Jean-Michel Vennemani, 60 mn, 2004.

[14] On compte en outre 200 personnes en situation précaire (CDD, intérim de + de 6 mois, formation de + de 6 mois, demandeurs d’emplois), 19 personnes malades, 17 décès et 4 personnes dont on ne sait rien, dont le directeur du site au moment de la fermeture.

[15] De nombreux films documentaires ont d’ailleurs été réalisés avec le concours des anciens salariés en particulier un ancien ingénieur particulièrement mobilisé dans la dénonciation de Glencore.

[16] Metaleurop, les naufrageurs démasqués, Association Chœurs de Fondeurs et % ATTAC Roman 49 min, 2004. Vidéo non commerciale réservée à usage pédagogique.

[17] Il s’agit de la chanson « Monde Ouvrier » composée et interprétée par Marie-Lore, propriétaire d’un café à Courcelles-les-Lens et du disque intitulé « Metallo » de Pascal Chevallier, ancien salarié de l’usine.

~ par Alain Bertho sur 27 avril 2007.